Qu'est-ce qu'une "goutte froide", phénomène météo qui touche la France cette semaine ?
La circulation vers le sud d'une masse d'air polaire devrait provoquer une baisse des températures et une météo particulièrement instable sur l'Hexagone et ses voisins.
Un phénomène généralement annonciateur de conditions météo dégradées. Ce mardi 12 novembre et dans les jours à venir, le passage d'une "goutte froide" sur le territoire métropolitain français devrait provoquer une importante baisse des températures, possiblement accompagnée d'averses et de fortes rafales de vent.
Dans son dernier bulletin publié ce mardi, Météo France confirme qu'il va falloir s'attendre à "un temps plus perturbé" et à de "premières couleurs hivernales" sur l'Hexagone, en lien direct avec cette goutte froide qui survole le pays. Mais en quoi consiste exactement ce phénomène météorologique, qui s'est déjà produit à plusieurs reprises en Europe en 2024 ?
Une bulle qui se détache de la masse d'air polaire
Au mois de mai dernier, à l'occasion d'un précédent épisode persistant de goutte froide, Météo France avait publié un article explicatif sur le sujet. Schéma à l'appui, l'organisme y définissait la goutte froide comme "une poche d’air très froid située à plus de 5000 m d’altitude", qui "se détache de la circulation associée au courant jet polaire pour descendre jusqu’à nos latitudes".
Comme le précise un article de Sciencepost, "la limite entre l’air polaire au nord et l’air tropical au sud est matérialisée par le courant-jet d’ouest". Dans cette zone, les différences de pression entre les masses d'air provoquent en permanence "des ondulations, dont certaines ont une amplitude si importante qu’elles aboutissent à l’éjection et à l’isolement consécutif d’une 'bulle' d’air polaire vers le sud", la fameuse goutte froide.
Un temps instable provoqué par un conflit atmosphérique
Après s'être détachée de son milieu initial, cette bulle d'air polaire, dont le diamètre peut atteindre le millier de kilomètres, se retrouve donc "cernée par un environnement beaucoup plus chaud". Cette situation entraîne le plus souvent la création d'une dépression localisée au niveau de la goutte froide, accentuée par le fait que l'air froid se situe en haute altitude.
Comme le résume Sciencepost, cette dépression se traduit ensuite "très souvent (par) des conditions perturbées (pluie, averses, orages…) du fait de la présence d’air froid en altitude, favorisant une stratification instable des couches atmosphériques". En clair, l'instabilité des pressions entre les différentes masses d'air en altitude provoque une instabilité de la météo au niveau du sol.
Un casse-tête pour les prévisionnistes météo
Cette instabilité caractéristique des gouttes froides pose d'ailleurs "de sérieux problèmes en termes de prévisibilité", selon Sciencepost : "Puisqu’elles sont déconnectées du flux directeur dominant, leur mouvement est très erratique, parfois même exotique. Certaines d’entre elles font du surplace pendant plusieurs jours – ne facilitant pas l’évacuation des précipitations si elles sont présentes – tandis que d’autres adoptent un mouvement rétrograde et se déplacent vers l’ouest."
Il peut aussi arriver que "plusieurs dépressions coupées se situent à proximité et s’influencent mutuellement", les plus grandes finissant généralement par ingérer les plus petites. Météo France ajoute que ces zones de basse pression "peuvent également générer des remontées d’air plus doux et plus humide en provenance de Méditerranée", ce qui complexifie encore davantage la tâche des prévisionnistes.
À l'origine de plusieurs catastrophes naturelles ces dernières années
Comme le rappelle Science Post, les gouttes froides sont des structures "fréquentes dans l’atmosphère", qui "participent aux transferts d’énergie entre les régions tropicales excédentaires et les régions polaires déficitaires". Elles se retrouvent plus généralement en été dans l'hémisphère nord et en hiver dans l'hémisphère sud (lorsque le temps est estival de ce côté du globe).
Ces dernières années, les gouttes froides sont toutefois revenues fréquemment à la une de l'actualité, en lien avec des précipitations records ayant entraîné des catastrophes naturelles. En 2021 déjà, c'est ce phénomène qui était en cause dans les terribles inondations qui avaient fait plus de 200 morts en Europe du Nord. Plus récemment, les ravages causés par la tempête Boris en Europe centrale et les intempéries meurtrières survenues à Valence ont également été provoqués par des gouttes froides.