Qu'est-ce que la légionellose, maladie qui vient de faire trois morts en Italie ?
Cette maladie qui peut prendre deux formes, dont une forme pulmonaire grave, est causée par une bactérie qui se multiplie dans l'eau douce et tiède.
Une épidémie aux conséquences tragiques qui rappelle toute la dangerosité de cette maladie. Dans la région de Milan (Italie), trois personnes sont récemment décédées et douze autres sont toujours hospitalisées après avoir attrapé la légionellose.
Au total, selon les autorités sanitaires transalpines, pas moins de 49 personnes ont été touchées depuis le mois d'avril par cette affection d'origine bactérienne. Mais qu'appelle-t-on exactement "légionellose", et quels sont les symptômes et les risques qui lui sont associés ?
Qu'est-ce que la légionellose ?
D'après l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il s'agit d'une "maladie de gravité variable allant d’une atteinte fébrile bénigne à des formes parfois mortelles de pneumonie". Le site de l'agence des Nations Unies ajoute que la légionellose est "due à une exposition aux espèces de bactéries du genre Legionella que l’on trouve dans l’eau et dans les terreaux contaminés".
Une cinquantaine de souches différentes de Legionella existent, mais c'est l'une d'elles en particulier qui est en cause dans la grande majorité des cas. "L’espèce L. pneumophila, présente dans l’eau douce, est la cause la plus courante et on la retrouve dans les milieux aquatiques naturels du monde entier", indique ainsi l'OMS. Selon l'Institut Pasteur et le Ministère français du Travail, de la Santé et des Solidarités, elle est ainsi responsable de "plus de 90% des cas".
Comment peut-on l'attraper ?
Si cette bactérie se développe donc au départ dans les milieux aquatiques naturels, elle peut assez aisément coloniser les infrastructures humaines renfermant de l'eau douce. "La bactérie vit et se multiplie dans les systèmes d’eau à des températures comprises entre 20 et 50°C (température optimale de 35°C), explique l'OMS. Legionella peut survivre et se multiplier en parasitant certains protozoaires libres et dans les biofilms se développant dans les systèmes d’eau."
Comme le présente le site du Ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, la contamination à l'homme peut ensuite se faire "par voie respiratoire, par inhalation d’eau contaminée diffusée en aérosol". "Le plus souvent, précise la brochure d'information éditée par le Ministère, on contracte la légionellose au contact d’eau contaminée via les douches et les tours aéroréfrigérantes installées sur les toits de certains immeubles pour produire de la climatisation ou sur des sites industriels. D’autres installations plus spécifiques sont également concernées : bains à remous (spas), appareils d’oxygénothérapie…"
D'autres types de contamination, plus rares, existent toutefois. "L’infection peut également se produire par aspiration d’eau ou de glace contaminées, notamment chez les malades hospitalisés sensibles et par exposition des nouveau-nés lors des accouchements dans l’eau", explique l'OMS, qui assure par ailleurs qu'"à ce jour, il n’existe aucune preuve d’une transmission interhumaine directe".
Quels sont les symptômes ?
D'après l'encyclopédie médicale Vidal, les symptômes de la légionellose apparaissent en général "deux à dix jours après la contamination". Après cette période d'incubation, ces derniers peuvent toutefois être très variés, de par leur nature et leur intensité.
"Les premiers symptômes ressemblent à une grippe et apparaissent progressivement en deux à trois jours : fatigue, fièvre modérée, douleurs musculaires, maux de tête, toux sèche puis grasse, détaille la définition du dictionnaire Vidal. Des troubles digestifs peuvent également être observés (diarrhées, nausées et vomissements) ainsi que des troubles neurologiques (confusion, désorientation, hallucinations, voire coma)."
Dans quels cas la légionellose peut-elle être une maladie mortelle ?
Les études successives sur la maladie provoquée par les bactéries de type Legionella ont établi une distinction fondamentale entre deux formes de légionellose : une forme non-pulmonaire bénigne et une forme pulmonaire bien plus grave, pouvant provoquer le décès des personnes infectées.
À propos de la forme non-pulmonaire, l'Institut Pasteur explique que "lorsque Legionella n’infecte pas les poumons, la maladie se manifeste sous forme d’un état grippal (fièvre, maux de tête, douleurs musculaires...) et guérit spontanément en quelques jours. On parle alors de fièvre de Pontiac."
Comme le décrit le dictionnaire Vidal, la forme pulmonaire, appelé "maladie du légionnaire", est à la fois la forme "la plus connue et la plus grave, qui provoque une pneumonie". "Sans traitement adapté, la légionellose pulmonaire peut s’avérer mortelle chez environ un patient sur 10, et jusqu’à un cas sur 7 chez les patients immunodéprimés", relève l'encyclopédie médicale.
Existe-t-il des traitements contre la légionellose ?
Heureusement, oui. Le Ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités assure ainsi que "la légionellose se traite avec des antibiotiques". "La durée du traitement est généralement de 14 à 21 jours, précise le site gouvernemental. La plupart des patients atteints doivent être pris en charge à l’hôpital. Les cas de légionellose notifiés correspondent souvent à des personnes hospitalisées en réanimation ou en unité de soins intensifs. La guérison est obtenue souvent après plusieurs semaines voire plusieurs mois."
Autorités sanitaires et organismes de recherche insistent par ailleurs sur la nécessité de prendre en charge la maladie le plus tôt possible. "Quand le diagnostic et le traitement interviennent tôt, l’issue est généralement favorable", affirme ainsi le site du Ministère. "En absence de traitement, la maladie s’aggrave généralement au cours de la première semaine, complète l'Institut Pasteur. Elle peut évoluer en une insuffisance respiratoire irréversible et provoquer une insuffisance rénale aiguë, alors souvent fatales."
Le dépistage précoce de la légionellose est donc crucial pour éviter les complications graves. Comme l'indique la brochure du Ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, "il existe plusieurs méthodes pour confirmer le diagnostic de légionellose : entre autres, des tests urinaires (rapides), des tests sanguins (2 tests sont nécessaires à 3-4 semaines d’intervalle), et des tests réalisés sur des prélèvements pulmonaires ('culture')".
Pourquoi parle-t-on de "maladie du légionnaire" ?
L'origine de l'étrange surnom donné à la légionellose, mais aussi de son appellation scientifique, renvoie en fait au contexte de découverte de cette maladie. En effet, d'après l'Institut Pasteur, "la légionellose doit son nom à une épidémie survenue en 1976 lors d’un congrès de la Légion Américaine à Philadelphie : sur 182 patients, 29 sont décédés. Il sera découvert plus tard qu’une bactérie jusque-là inconnue, Legionella pneumophila, s’était propagée via le système de climatisation de leur hôtel."
Comment se prémunir contre la légionellose ?
On l'aura compris, la légionellose est systématiquement transmise à l'homme par un contact avec une eau contaminée, contact qui peut se faire sous la forme de "micro-gouttelettes", selon le site du ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. Sachant qu'il n'existe pas de vaccin à ce jour, il est donc essentiel de surveiller et d'entretenir les différentes installations hydriques de son habitat afin d'éviter de s'exposer aux bactéries de type Legionella.
Pour ce faire, le site gouvernemental conseille notamment de faire "couler l’eau froide et l’eau chaude au moins 1 fois par semaine au niveau des points d’eau qui sont peu utilisés (évier, lavabos, douche, etc.) et après chaque période d’absence prolongée, pour tous les points d’eau avant de les réutiliser (notamment la douche)", mais aussi de vérifier "la température de l’eau chaude au domicile : elle doit être très chaude mais pas "bouillante" (au moins 50°C et au plus 60°C au niveau de l’évier de la cuisine)".
Les autorités sanitaires préconisent également de procéder "régulièrement au détartrage et à la désinfection des embouts de robinetterie (brise-jets, pommeaux de douches, etc.)" et d'utiliser "de l’eau stérile pour les appareils biomédicaux (nettoyage et remplissage des appareils d’oxygénothérapie ou de lutte contre l’apnée du sommeil)".