Quentin Devers, l’archéologue français le plus haut du monde
C’est une belle histoire, celle de Quentin. Je l’appelle “Docteur” ou “mon ami Quentin l’archéologue”, un peu comme s’il était un personnage fictif. Mais s’il est proche du ciel dans sa région de haute altitude, il a pourtant bien les pieds sur terre ! Et un sens de l’observation inouï comme doit l’avoir un archéologue.
Quand j’étais lycéenne à Annecy, je connaissais un garçon d’une quinzaine d’années qui n’avait rien de commun. Quentin Devers jouait de la batterie dans un groupe de musique avec une bande de copains un peu déjantés, mais avait pourtant tout d’un ado sérieux à la tête bien faite. Il savait déjà qu’il voulait être archéologue au Tibet quand il serait grand ! Je crois qu’à cette époque, je ne savais même pas où se trouvait le Tibet sur une carte… Dix ans plus tard, en voyage en Inde, “au petit Tibet”, je retrouve Quentin dans une guesthouse de Leh, en train de travailler sur les cartes de la région pour sa thèse d’archéologie. Rare résident étranger au Ladakh, Quentin vit ici depuis maintenant dix-sept ans. C’est une chance de le connaître, de voir comment il s’est intégré, comment il interagit avec les Ladakhis et quel regard il porte sur la région et ses problématiques.
D’Annecy au Ladakh
Rien ne le prédestinait à devenir spécialiste des sites archéologiques de l’Himalaya. Ni une attirance pour l’Inde ni un lien familial dans le milieu de la recherche, et encore moins des origines tibétaines. À l’âge de 8 ans, il passe avec sa mère devant le chantier de l’hôtel de ville d’Annecy et découvre pour la première fois à quoi ressemblent des fouilles archéologiques – “je vois une équipe sous la pluie en train de gratter des cailloux”. Puis, la même année, un voyage en famille en Crète le conforte dans sa vocation précoce : il dessine toutes les pièces archéologiques qu’il voit sur place. De la Grèce à la Mésopotamie, il s’intéresse aux cartes, à l’histoire, et s’arrête “un peu par hasard” sur la civilisation tibétaine. Depuis la Haute-Savoie, il découvre les hautes montagnes du Ladakh, un lieu mythique qui constituait un couloir pour les marchands de la route de la soie, les aventuriers, les bandits et les armées de toutes sortes. Il se met à rêver d’explorer un jour cette région à l’histoire si riche, située à l’intersection de l’Inde, du Tibet et de l’Asie centrale.
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