Quels scénarios possibles après le rejet d'un gouvernement NFP par Emmanuel Macron ?

Le président de la République a refusé de nommer Lucie Castets Première ministre ce lundi 26 août, jugeant qu'un gouvernement du Nouveau Front populaire sera censuré "immédiatement" par l'Assemblée nationale. Des consultations vont se poursuivre ce mardi, mais aucun scénario permet à ce stade de garantir "la stabilité institutionnelle" souhaitée par Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron continue de maîtriser les horloges. Plus d'un mois et demi après la victoire du Nouveau Front populaire lors des élections législatives, le président de la République a écarté ce lundi 26 août l'option d'un gouvernement d'union de la gauche "au nom de la stabilité institutionnelle". Le locataire de l'Élysée affirme qu'un exécutif dirigé par Lucie Castets serait "immédiatement censuré" à l'Assemblée nationale, même si La France insoumise n'obtient aucun poste ministériel.

Alors que c'est la première fois, dans l'histoire de la Ve République, que la coalition avec le plus grand nombre de sièges à l'Assemblée nationale ne se voit pas proposer de gouverner, quels sont les différents scénarios désormais sur la table?

Dans son communiqué ce lundi, Emmanuel Macron "appelle l'ensemble des responsables politiques à se hisser à la hauteur du moment en faisant preuve d'esprit de responsabilité". Le locataire de l'Élysée exhorte particulièrement les socialistes, les communistes et les écologistes à "coopérer avec les autres forces politiques".

Si le Nouveau Front populaire a connu des difficultés cet été entre ses membres, une rupture semble ce lundi être exclue. LFI, EELV, PCF et PS ont tous dénoncé le choix du président de la République, qualifié de "honte" par la patronne des écologistes Marine Tondelier.

En outre, il serait difficile de composer un gouvernement autour d'un programme ou d'un pacte législatif, tant les divergences sont nombreuses entre des forces de gauche (PS, PCF, EELV) et de droite (LR) qui s'opposent au niveau local dans la totalité des exécutifs départementaux ou régionaux.

Un gouvernement NFP exclu par Emmanuel Macron, deux camps, qui se sont vivement opposés depuis 2017 pourraient s'accorder autour d'un "pacte législatif": Les Républicains et Ensemble pour la République, la coalition présidentielle (Renaissance, MoDem et Horizons). Signe d'un possible rapprochement, le patron des députés LR Laurent Wauquiez a "épargné la macronie dans son discours" de rentrée au Mont Mézenc, en Haute-Loire, notait l'Agence France presse (AFP) ce dimanche 25 août. "Nous ne serons jamais du côté des extrêmes", a-t-il assuré, promettant de défendre les idées de la droite et de voter les lois qui "iront dans ce sens". Il a rappelé à ce titre avoir présenté en juillet un "pacte législatif" reprenant notamment des mesures sur l'immigration et pour favoriser le travail.Si ce "pacte législatif" pourrait être la base d'un gouvernement d'union entre Les Républicains et le camp présidentiel, rien ne garantit qu'il survive à un vote d'une motion de censure par les députés du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national.

La solution pourrait donc être un gouvernement technique, qui serait composé d’experts (économistes, hauts-fonctionnaires, diplomates..) eux-mêmes chapotés par une personnalité consensuelle à Matignon.

Un concept un peu flou en France et qui n'a jamais existé sous la Ve République. La France a bien connu un gouvernement d'union nationale qui réunissait presque tous les partis (en dehors du PCF) comme celui de Michel Debré (1959-1962). Des "techniciens" ont bien été à la tête de gouvernements comme Raymond Barre en 1976 ou Jean Castex en 2020. Mais les deux avaient un mandat politique et une majorité à l'Assemblée nationale.

Mais rien ne garantit que ce gouvernement technique ne soit pas censuré par les députés lors de l'examen du budget à l'Assemblée nationale. La stabilité "institutionnelle" ne sera donc pas garantie pour les prochains mois, comme le souhaite Emmanuel Macron.

"Toute proposition de Premier ministre autre que Lucie Castets fera l’objet d’une motion de censure", promet déjà Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise

La crise politique débutée le soir des élections européennes avec la dissolution de l'Assemblée nationale... pourrait-elle se terminer par la destitution d'Emmanuel Macron? Et la mise en place d'une nouvelle élection présidentielle? C'est le souhait des insoumis qui ont annoncé ce lundi qu'une motion de destitution sera présentée au bureau de l'Assemblée nationale "conformément à l'article 68 de la Constitution".

Pour aboutir, cette motion devra être approuvée par le bureau de l'Assemblée nationale, où le NFP détient la majorité. Mais le soutien d'EELV, du PCF et du PS à la démarche des insoumis n'est absolument pas garanti.

Une fois cette étape passée, la motion devra être adoptée en commission des Lois, et dans l'hémicycle à une majorité des deux tiers. Un parcours similaire doit ensuite être effectué au Sénat, avant que la Haute cour ne se réunisse pour statuer.

L'hypothèse d'une destitution d'Emmanuel Macron semble donc improbable. Mais une carte reste dans la main des dirigeants insoumis et de leurs partenaires du Nouveau Front populaire: l'appel à la mobilisation sociale. Jean-Luc Mélenchon appelle à une "réplique populaire et politique rapide et ferme", tandis que le patron des communistes Fabien Roussel plaide pour une "grande mobilisation populaire".

Article original publié sur BFMTV.com