Quels ministres pour Michel Barnier ? Cinq questions qui se posent avant la nomination du gouvernement

Michel Barnier s’est fixé comme objectif de nommer un gouvernement cette semaine. L’équation à résoudre est complexe.

POLITIQUE - Les horloges ont donc un nouveau maître. Nommé à Matignon le 5 septembre, Michel Barnier a promis de former son gouvernement cette semaine. Pour cela, le Premier ministre poursuit ses consultations. Il a reçu ce lundi 16 septembre les dirigeants de la droite Gérard Larcher, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau pour un nouvel entretien.

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Il doit ensuite enchaîner les consultations, rue de Varennes (les communistes sont attendus mardi) ou au téléphone, pour convaincre des profils « solides » de le rejoindre et trouver le meilleur équilibre possible pour conforter son assise au Parlement. Une tâche déjà complexe d’ordinaire. Mais plus ardue encore pour un chef de gouvernement sans majorité.

Dans ce contexte, le porte-parole des Républicains Vincent Jeanbrun imagine mal une décision « avant dimanche. » En attendant cette fumée blanche, plusieurs questions se posent, tant sur les marges de manœuvre laissées à Michel Barnier, que sur les lignes rouges imposées par ses alliés.

Ne parlez pas de « cohabitation. » Depuis qu’ils se sont entendus pour Matignon, Emmanuel Macron et Michel Barnier évoquent une ère nouvelle de coexistence. Mais les deux hommes s’efforcent de mettre en scène une véritable rupture dans ce double quinquennat.

D’un côté, l’Élysée fait savoir dans la presse que les liens sont coupés avec Matignon. Entendre : plus de conseillers partagés, plus d’émissaires envoyés par l’entourage du président aux réunions interministérielles, pas de ministres imposés à certains postes. De l’autre, Michel Barnier promet une indépendance certaine, avec cette formule : « Le président va présider et le gouvernement gouverner ».

Qu’en sera-t-il ? Le sort réservé aux ministres des Armées et des Affaires étrangères, dont il est souvent admis qu’ils sont du « domaine » du président, sera un indicateur. Le contingent de macronistes en sera un autre.

En ce sens, la question de la reconduction des ministres sortants se pose. Plusieurs d’entre eux se verraient bien rester, quitte à changer de portefeuille. Mais le résultat des européennes puis des législatives, comme les lignes rouges dressées par certains partis, incite plutôt à un vrai chambardement.

Le président du MoDem François Bayrou plaide ainsi pour le renouvellement « intégral ou quasi intégral » du gouvernement, tandis que le Rassemblement national agite déjà le spectre d’une motion de censure si certains profils irritants à leurs yeux, Gérald Darmanin ou Éric Dupond-Moretti, sont reconduits.

Malgré tout, plusieurs potentiels rescapés sont souvent cités : Rachida Dati, Catherine Vautrin ou… Gérald Darmanin. Le départ de Stéphane Séjourné (candidat pour la Commission européenne) semble ouvrir la porte du quai d’Orsay à l’actuel ministre de l’Intérieur, dont on dit qu’il lorgne le poste. Il aurait l’avantage de contenter le président et son Premier ministre… Mais donnerait des arguments au Rassemblement national pour jouer les trouble-fêtes.

Dans ce contexte, l’appétit de la droite se fait grandissant. Histoire de pimenter le tableau. Alors que Laurent Wauquiez avait, dans un premier temps, exclu de participer à un gouvernement avec les troupes du président, voilà son parti désireux d’en récupérer les postes les plus puissants. Selon plusieurs médias, le président du groupe LR se verrait bien lui-même au ministère de l’Intérieur.

Une razzia hypothétique qui met le camp présidentiel en tension. Le MoDem appelle clairement Michel Barnier à ne pas donner trop de poids à sa famille politique, et le soutiendra « si et seulement si tous les postes régaliens ne sont pas pris par les Républicains ».

En somme, le Premier ministre doit servir son parti, mais également donner des gages au camp macroniste, sa première force d’appui à l’Assemblée avec quelque 150 députés. Ceci, alors que plusieurs élus Renaissance alertent déjà sur une ligne sans doute trop à droite.

C’est, parmi ses premiers engagements, celui qu’il aura le plus de mal à tenir. À peine nommé, Michel Barnier expliquait son souhait de compter, parmi son équipe, des personnalités « de gauche. » Problème : la liste des refus s’allonge de jour en jour.

Chez les socialistes, la présidente de la région Occitanie Carole Delga, le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane, l’ancien ministre Stéphane Le Foll, tous ont dit non. En réalité, il semble difficile pour quiconque, à gauche, d’entrer dans un gouvernement sans programme, mais sous la menace du Rassemblement national, et en compagnie de personnalités incarnant la droite dure.

Dans ce contexte, les regards se tourneraient plutôt vers l’aile « sociale » du camp présidentiel. Mais là encore, difficile d’imaginer la cohabitation de ces profils, comme Roland Lescure ou Sacha Houlié, avec Laurent Wauquiez ou Bruno Retailleau. Autre piste : des personnalités issues de la société civile, ou éloignées de la politique partisane mais étiqueté à gauche comme l’ex-député socialiste Didier Migaud, dont le nom à un temps circulé.

Comme à chaque gouvernement, l’équilibre de cette nouvelle équipe sera scruté. Et les prises politiques remarquées. D’autant que le locataire de Matignon veut compter sur des personnalités expérimentées, capables, notamment, de ferrailler pour l’examen du Budget.

Thierry Breton, pourrait alors cocher certaines cases. Ministre de Jacques Chirac entre 2005 et 2007, l’ancien patron de 69 ans vient de quitter son poste, avec fracas, de commissaire européen au marché intérieur. De là à l’imaginer récupérer un ministère, en France ? Un proche du chef du gouvernement affirme à La Tribune dimanche que l’option n’est pas sur la table, pour l’heure.

En attendant, certaines échéances cruciales se rapprochent, et le calendrier politique pourrait être chamboulé. Michel Barnier envisage notamment de ne présenter le budget 2025 qu’après avoir prononcé sa déclaration de politique générale « début octobre » devant l’Assemblée nationale, a fait savoir Matignon ce lundi. La date butoir du 1er octobre ne serait donc pas tenue et le projet de loi de finances ne serait soumis au Parlement que le 9 octobre.

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