Quels ministres pour le gouvernement Barnier? Ces personnalités pressenties pour intégrer l'exécutif
Le nouveau Premier ministre Michel Barnier avait promis un nouveau gouvernement formé la semaine du 16 septembre, mais le nouveau locataire de Matignon a pris du retard. État des lieux des négociations en coulisses.
Qui pour rejoindre Michel Barnier? Depuis son arrivée à Matignon jeudi 5 septembre, le nouveau Premier ministre a longuement consulté dans les rangs de la droite et du camp présidentiel, promettant que la composition de son gouvernement sera dévoilée "cette semaine".
De sources concordantes à BFMTV, le scénario initial était d'organiser un premier conseil des ministres ce mercredi 18 septembre. Mais force est de constater que le casting n'est pas prêt. On s'oriente donc plutôt vers une annonce en fin de semaine, potentiellement même dimanche. "Une semaine, c'est sept jours", avait déjà glissé Michel Barnier en guise d'avertissement à des journalistes.
À quoi pourrait ressembler ce gouvernement Barnier? Dans les différents scénarios envisagés, beaucoup de noms de Républicains ou d'ex-Républicains reviennent... Et aucun ralliement majeur à ce stade à espérer à gauche. "Ce sera un gouvernement de LR ou ex-LR", résume auprès de BFMTV un cadre des Républicains. Passage en revue des personnalités pressenties et de celles qui ont déjà refusé.
• Wauquiez pour le ministère de l'Intérieur?
Selon un cadre LR à BFMTV, le chef de file des députés La Droite républicaine "serait arrivé dans la négociation en disant: 'C'est Beauvau ou rien'".
L'hypothèse que Laurent Wauquiez succède à Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur n'est pas morte, mais elle ne fait pas du tout consensus. Notamment dans au sein du bloc central qui plaide plutôt pour voir à cette place une haute figure de la sécurité comme le préfet de police de Paris, Laurent Nunez.
En coulisses, les Républicains jugent "logique" que le ministère de l'Intérieur soit dirigé par un membre issu de leur mouvement.
"C'est dans notre ADN" juge un élu de droite auprès de BFMTV.
• Pécresse pour ne pas "cramer la caisse" à Bercy?
La formule est chère à la présidente de l'Île-de-France, Valérie Pécresse. "Elle n'est candidate à rien, mais clairement, elle ne dirait pas non à Bercy", siège du ministère de l'Économie et des Finances, assure l'un de ses proches à BFMTV.
Désormais étiquetté Ensemble pour la République, l'ancien ministre du Budget Éric Woerth pourrait faire son retour au même poste près de quinze ans plus tard. Cet ancien LR passé chez les macronistes en 2022 a pour atout de bien connaître les dossiers financiers et dispose également d’un profil expérimenté. Questeur de l'Assemblée nationale depuis 2022, il a aussi l'avantage de plaire aux deux blocs de la future majorité: les Républicains et le camp présidentiel.
Si finalement ils n'atterrissent pas à Beauvau ou place Vendôme, Laurent Wauquiez et le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau pourraient hériter d'un grand Bercy, selon nos informations.
• Un LR ou un macroniste pour la Justice?
Une nouvelle avocate pour remplacer le ténor du barreau Éric Dupond-Moretti au ministère de la Justice? Le nom de la députée Horizons Naïma Moutchou, vice-présidente de l'Assemblée, circule.
L'hypothèse Bruno Retailleau a également été évoquée. Mais le sénateur LR a refusé, selon plusieurs sources concordantes. "Il est très soucieux de sa capacité d'agir" nous confie un de ses proches.
Il faut dire que sa nomination pourrait poser problème: si Les Républicains décrochent plusieurs gros ministères comme l'Intérieur, l'Économie et la Justice, le risque de braquer certains élus du bloc central deviendrait grand.
"Faut dire que ce serait un hold-up", consent en privé un élu de droite.
• De nombreuses personnalités LR pressenties
Un "hold-up" potentiellement d'autant plus grand qu'à droite, de nombreux noms sont cités pour intégrer le gouvernement. Celui de Vincent Jeanbrun, maire LR de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) et nouvel entrant à l'Assemblée est évoqué pour deux postes, selon nos informations: le porte-parolat ou la Ville.
Tournent également en coulisses les noms de trois proches de Michel Barnier: Sophie Primas (vice-présidente du Sénat), Marie-Claire Carrège-Gé (sénatrice Les Républicains) et Olivier Marleix (l'ex-patron du groupe LR à l'Assemblée).
L'élue du Doubs du groupe La Droite républicaine (ex-LR) et ancienne professeure de français, Annie Genevard, a déjà dit publiquement qu'elle était intéressée par le ministre de l'Éducation nationale.
• Des ministres issus de la droite qui pourraient rester
À ces nouveaux noms s'ajoutent ceux d'anciens ministres de Gabriel Attal, là encore marqués à droite. La ministre du Travail et de la Santé démissionnaire Catherine Vautrin et son homologue de la Culture Rachida Dati ont des chances de rester au gouvernement, mais rien n'a été acté sur un changement de poste ou pas, selon nos informations.
Sébastien Lecornu fait figure de favori pour la Défense. Même si depuis quelques jours, son éviction n'est plus un tabou.
Il faut dire que Michel Barnier semble tiraillé entre l'idée de faire table rase du passé, et garder des poids-lourds ex-LR expérimentés, comme le ministre démissionnaire des Armées. Semblant l'aiguiller, François Bayrou plaidait pour un "renouvellement intégral ou quasi intégral" au gouvernement dimanche 15 septembre.
• Quelques macronistes envisagés
Réélu en juin 2024, Pascal Canfin "rêve d'un Bercy vert", d'après la formule d'un cadre du mouvement confiée à BFMTV. Mais problème: cet ancien président de la commission environnement du Parlement européen, artisan du Pacte vert et ex-EELV a très mauvaise presse auprès du monde agricole. Sa 4e place sur la liste macroniste aux européennes avait déjà excédé les agriculteurs. Pas sûr que cette mauvaise cote lui ouvre une porte d'entrée dans un futur gouvernement de droite.
Le nom de l'ancien ministre délégué des Transports Clément Beaune circule également. En juillet 2024, post-dissolution de l'Assemblée nationale, ce pilier de l'aile gauche de la macronie est battu par le socialiste Emmanuel Grégoire dès le premier tour des élections législatives. La probabilité de voir l'ancien député rejoindre le gouvernement reste faible.
Les noms des députés Ensemble pour la République (EPR) Maud Bregeon, Mathieu Lefebvre, Antoine Armand, celui du Modem Jean-Paul Mattéi, et le nom du sénateur Horizons Claude Malhuret sont également cités.
• Plusieurs personnalités de gauche évoquées, de nombreux refus
Selon des sources au sein de l'ex-majorité, l'eurodéputée écologiste Karima Delli a été approchée pour les Transports ou le Logement. Mais l'élue régionale des Hauts-de-France sera-t-elle prête à franchir le Rubicon? Sollicitée par BFMTV, elle n'a pas donné suite.
Le nom de l’ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg revient avec insistance pour un portefeuille ministériel. Mais l'ancien ministre du Redressement productif a déjà fait savoir à Politico qu’il avait un "merveilleux job" (il est aujourd'hui à la tête de plusieurs entreprises et possède sa propre marque de miel, Bleu Blanc Ruche) et qu’il n’en cherchait pas un autre.
L'ex-candidate à l'élection présidentielle Ségolène Royal a fait acte de candidature dans BFM Story le 10 septembre dernier. "Si jamais je suis contactée, je regarderai sans sectarisme", a affirmé l'ancienne ministre de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer sous François Hollande, sans que nous sachions si elle a été effectivement approchée ou non pour un poste.
Plusieurs ténors du Parti socialiste comme l'ex-ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, la présidente de la région Occitanie Carole Delga et le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane - un temps évoqué pour Matignon - ont dit publiquement qu'ils ne rentreraient pas dans le nouveau gouvernement.
Pressenti puis finalement évincé au profit de Michel Barnier, l'ancien ministre socialiste, Bernard Cazeneuve, a déjà dit à l'Élysée et à Matignon qu'il ne prendrait aucun poste. L'ancienne Première ministre Élisabeth Borne a aussi été sondée, notamment pour reprendre la Défense. L'ancienne locataire de Matignon a déjà exprimé son refus.