Quels sont ces implants vaginaux mis en cause par des dizaines de femmes dans « Le Parisien » ?
FEMMES - « Enfer », « souffrance jour et nuit », « cauchemar ». Dans Le Parisien, des femmes témoignent ce vendredi 10 novembre de mutilations causées par des implants vaginaux. 78 d’entre elles ont porté plainte. Elles demandent l’interdiction de ces bandelettes contre l’incontinence ou la descente d’organes, pouvant provoquer des lésions graves et des douleurs insupportables.
Si insupportables que Thomas raconte notamment dans le quotidien le calvaire de sa femme, à qui l’on a posé un implant pelvien sans son consentement. La douleur était telle qu’au bout de quatre ans d’agonie, il l’a accompagnée se faire euthanasier cet été en Belgique.
Mais que sont ces implants vaginaux et à quoi servent-ils ? Il en existe de deux types : les bandelettes sous-urétrales, utilisés depuis une trentaine d’années, destinées au traitement de l’incontinence urinaire et les implants de renfort utilisés dans le traitement du prolapsus des organes pelviens, appelé couramment « descente d’organes ».
Incontinence urinaire et descente d’organes
Dans le premier cas, celui de l’incontinence urinaire, qui touche entre 25 à 40 % des femmes selon l’ANSM, le traitement chirurgical de référence est la pose d’une bandelette sous-urétrale, un implant de soutien de l’urètre, posé par voie vaginale. Il s’agit de rubans en polypropylène de 4 cm, implantés à environ 30 000 femmes par an, détaille l’ANSM. Ces prothèses posées par voie vaginale sont interdites aux États-Unis depuis 2019 et viennent de l’être au Royaume-Uni.
Dans le second cas, pour les descentes d’organes, la voie utilisée pour la pose de l’implant est la voie abdominale ou voie haute, réalisée le plus souvent par cœlioscopie. Objectif : renforcer le périnée, qui peut être fragilisé par un accouchement ou lorsque l’on vieillit.
Depuis octobre 2020, un arrêté encadre la pose de ces implants vaginaux. Les femmes doivent être informées des risques, les implants ne peuvent être utilisés en première intention et surtout, la décision chirurgicale est prise en « concertation par une équipe pluridisciplinaire de pelvi-périnéologiele » . Or, cela n’est pas toujours respecté et les patientes ne sont pas toujours informées des complications possibles.
78 plaintes pour « tromperie aggravée et blessures involontaires »
Au total, 78 plaintes ont été déposées par des femmes auprès du Parquet de Paris pour « tromperie aggravée et blessures involontaires ».
« Ces femmes, elles ont subi des préjudices extrêmement importants et extrêmement invalidants il est indispensable aujourd’hui qu’elles soient compensées dans la perte de revenus très importante qu’elles subissent, argumentait Hélène Patte, l’une des quatre avocates qui portent ce dossier, auprès de Radio France. Beaucoup d’entre elles sont reconnues travailleur handicapé, ou en invalidité, ne peuvent plus travailler, ont perdu la possibilité d’avoir une vie familiale normale, perdu la possibilité de pouvoir garder leurs enfants, garder leurs petits-enfants, ce sont des vies brisées. »
De son côté l’ANSM a enregistré entre 2017 et 2022, 202 signalements de matériovigilance, même si « une sous-déclaration n’est pas exclue ». Selon les données de l’étude Vigimesh, sur 18 000 femmes suivies pour implant vaginal, seules 2 à 3 % d’entre elles auraient subi des réinterventions pour des hémorragies, des infections ou des douleurs. Peut-être que la prise de parole de ces femmes dans Le Parisien en poussera d’autres à sortir du silence.
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