Que sont les thérapies de conversion, désormais interdites par la loi ?

Des manifestants tenant un drapeau LGBT à Marseille, le 3 juillet 2021, lors de la Gay Pride qui avait attiré 1500 personnes.

Le Parlement a voté à l'unanimité un texte porté par la majorité présidentielle visant à interdire les thérapies de conversion, ces pratiques visant à imposer l'hétérosexualité aux personnes LGBT.

C'est un nouveau pas dans la lutte contre l'homophobie. Ce mardi, les 142 députés présents dans l'hémicycle ont voté à l'unanimité l'approbation de la proposition de loi portée par la députée LREM Laurence Vanceunebrock, qui interdit les "thérapies de conversion", ces pratiques qui ont pour but d'imposer l'hétérosexualité aux personnes lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT). Le code pénal punit désormais ces pratiques d'au moins 2 ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende. Les peines pourront grimper à 3 ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende en cas de circonstances aggravantes.

Jugées "écœurantes" par Olivier Véran et "indignes" par Emmanuel Macron, ces thérapies clandestines qui vont de la prière à l'exorcisme, en passant par les traitements médicaux sont le plus souvent pratiquées avec un prêtre, un pasteur, un imam ou même secrètement dans des cabinets médicaux.

Des effets dramatiques sur la santé physique et mentale

Très souvent forcés par leur famille, ce sont les jeunes qui sont les plus touchés par ces pratiques qui ont des effets dramatiques sur la santé mentale, voire physique, des personnes qui les subissent. S'il n'y a aucune enquête permettant d'évaluer l'ampleur du phénomène en France, les parlementaires ont évoqué en 2019 une centaine de cas "récents".

Les instigateurs de ces pratiques désormais illégales donnent différentes explications à l'homosexualité comme des problèmes hormonaux, des blessures émotionnelles, des envies de passage à réfréner ou encore des traumatismes liés à l'enfance. Ces derniers disent aider les personnes LGBT à "s'affirmer et devenir des hommes" ou encore à les "délivrer du démon", comme le rapporte le documentaire "Homothérapies, conversion forcée", diffusé sur ARTE ou encore l'organisation SOS homophobie, dans son rapport 2020 sur les LGBTIphobies.

Une "thérapie" venue des États-Unis

Nées aux Etats-Unis à la fin des années 1970, les thérapies de conversion se sont peu à peu répandues en Europe et plusieurs modes d'action existent, comme le rappelle Le Monde. De manière biologique, c'est-à-dire que les adeptes des thérapies de conversion assimilent la diversité sexuelle à une maladie qu'il faut soigner en administrant des médicaments, des hormones ou des traitements stéroïdes. De manière psychothérapeutique, les personnes doivent être suivies psychologiquement pour leur permettre de comprendre ce qui les a rendues "malades". Et de manière confessionnelle, où la "guérison est prônée par l'abstinence, le célibat et par le suivi de certains préceptes spirituels. En France, ces thérapies de conversion prennent très souvent la forme de groupes de parole, de séminaires ou de confessions, la plupart du temps dans un contexte religieux.

Théoriquement, ces "thérapies de conversion" étaient déjà punissables en France par le biais d'infractions "classiques" telles que le harcèlement moral, la violence ou encore l'exercice illégal de la médecine. Mais passer ces pratiques en tant que délit va permettre de mieux en faire connaître l'illégalité, indiquent les partisans de la proposition de loi, mais également d'aider les victimes à "passer plus facilement la porte d'un commissariat", selon Elisabeth Moreno, la ministre déléguée à l'Égalité entre les femmes et les hommes.

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