Renvoi du procès de quatre vandales des bureaux de Griveaux
par Emmanuel Jarry
PARIS (Reuters) - Quatre auteurs présumés de l'intrusion dans les locaux du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, le 5 janvier, lors de manifestations de "Gilets jaunes", ont été présentés jeudi en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Paris, qui a décidé de renvoyer leur procès.
Ces trois hommes âgés de 22 à 35 ans et cette femme de 46 ans, poursuivis pour vol d'un engin élévateur, dégradation et destruction de biens en réunion, arrêtés mardi, souhaitaient être jugés sur-le-champ.
Mais le président du tribunal a jugé le dossier trop volumineux et renvoyé le procès au 13 mars.
Le tribunal a en outre placé sous mandat de dépôt, c'est-à-dire en détention provisoire le conducteur de l'engin qui a défoncé le portail de l'hôtel particulier où sont hébergés les bureaux de Benjamin Griveaux et a fini sa course dans la devanture d'une agence bancaire, Romain M., 23 ans.
Le président a justifié cette mesure par le risque que le jeune homme récidive, en invoquant notamment le fait qu'il ait revendiqué l'intrusion du 5 janvier sur Facebook et appelé dans cette publication à commettre de tels actes.
Les trois autres prévenus ont été placés sous contrôle judiciaire, avec interdiction de se rendre à Paris et d'entrer en contact avec les autres, et obligation de pointer une fois par semaine dans un commissariat proche de leur domicile.
Le 5 janvier, Benjamin Griveaux, avait été évacué de son bureau après l'irruption d'une quinzaine de personnes, certaines vêtues de noir, d'autres avec un gilet jaune, dans la cour du bâtiment. Des voitures avaient été vandalisées mais les manifestants n'étaient pas entrés dans les bureaux.
Cette intrusion a ému les responsables politiques de tous bords et reste un symbole des débordements des "Gilets jaunes", comme les coups infligés à des gendarmes le même jour par l'ex-boxeur Christophe Dettinger, condamné mercredi à un an de prison ferme aménageable en semi-liberté.
LOIN DE L'ULTRA-GAUCHE
Mais le profil des quatre prévenus est très éloigné de l'image d'activistes d'ultra-gauche qui leur a été collée.
"Cela ne correspond pas du tout à leur profil. Ce sont des gens qui ne sont absolument pas connus comme des gens d'ultra-gauche (...) Aucun lien, même, allégués par les enquêteurs, rien", a dit à la presse un de leurs avocats, Me Martin Machin.
"On a fait monter en mayonnaise ce dossier", a pour sa part dit à l'audience l'avocat de Romain M., Manuel Abitbol, qui a dénoncé une triple pression, médiatique, populaire et politique.
Romain M. "a tout reconnu, il a conduit le chariot élévateur mais quand un 'Gilet jaune' lui a désigné la porte, il ne savait pas que c'était la porte d'un ministère", a souligné l'avocat, selon qui le jeune homme n'est même pas entré dans l'enceinte.
Romain M. est chef d'équipe dans l'entreprise de son frère pour 2.500 euros par mois et vit en couple chez sa mère en attendant d'emménager dans son propre logement en construction.
La seule femme du groupe, divorcée, mère de trois enfants, agent d'accueil dans une commune de la région parisienne, est apparue le visage ravagé par les larmes.
Selon son avocat, Eduardo Mariotti, elle a seulement filmé la scène avec son téléphone portable.
Jonathan B., le plus âgé des hommes, ouvrier polisseur de 35 ans, a eu affaire à la justice à huit reprises entre 2004 et 2008 pour des petits délits qui l'ont parfois conduit en prison mais est aujourd'hui en contrat de travail à durée indéterminée.
Le benjamin, Thomas S., 22 ans, a été engagé par un commerce de l'aéroport d'Orly.
Vendredi, c'est une figure médiatique des "Gilets jaunes", Eric Drouet, qui doit à son tour comparaître pour organisation de manifestation non déclarée.
(Edité par Simon Carraud)