Québec: un tueur à gages met à prix la tête d'un journaliste pour 100.000 dollars canadiens

En apprenant à l'automne 2022 l'existence du contrat par la Sûreté du Québec, Daniel Renaud a été "ébranlé". Comme l'a révélé ce vendredi 29 novembre son employeur, le quotidien La Presse, ce journaliste a été en 2021 la cible d'un contrat mis sur sa tête par un tueur à gages. Frédérick Silva offrait la somme de 100.000 dollars canadiens (environ 67.500 euros) à la personne qui se chargerait d'éliminer le journaliste spécialiste du crime organisé.

Connu pour avoir loué ses services à plusieurs organisations criminelles et condamné à la prison à perpétuité pour plusieurs meurtres, Frédérick Silva est devenu un informateur en 2022 et vit depuis sous protection policière. Avec son aide, les autorités québécoises espèrent pouvoir faire la lumière sur des dizaines d'homicides non élucidés.

"J’ai dit que j’étais tanné de lui"

Mais avant de collaborer avec la justice, Frédérick Silva a été contraint de révéler tout de ses méfaits et a confessé avoir cherché à faire assassiner Daniel Renaud en 2021. À cette époque, Silva était jugé pour trois meurtres et une tentative de meurtre. Daniel Renaud, qui avait déjà consacré de nombreux articles au tueur à gages, couvrait ce procès pour La Presse.

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Dans ses aveux, Frédérick Silva raconte avoir contacté deux personnes influentes du crime organisé pour se débarrasser de Renaud. Les membres du milieu auraient alors estimé que s'attaquer à un journaliste était une mauvaise idée. "J’ai dit que j’étais tanné (en avoir marre) de lui et que je m’arrangerais avec ça. Ils m’ont juste dit: 'OK, fais comme tu veux, on est avec toi dans tes décisions.'", explique le tueur.

Selon La Presse, Frédérick Silva a même ébauché un plan pour exécuter le contrat, resté en vigueur pendant deux mois. Il s'est finalement ravisé car il jugeait avoir "des problèmes plus importants à régler".

"On n'est pas dans un film"

"Je ne me censure pas, mais je fais toujours preuve de retenue pour ne pas entrer dans les détails de la vie privée des criminels et éviter de mettre des vies en danger", a réagi Daniel Renaud.

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"Je ne pensais donc jamais que j’aurais pu faire l’objet d’un tel contrat. Je suis même surpris et consterné que des gens au sein du crime organisé aient pu accepter ça, même s’ils ont apparemment manifesté des réticences."

Daniel Renaud a reçu le soutien de nombreux journalistes ainsi que celui du Premier ministre du Québec. "On n'est pas dans un film. Ça n’a pas de bon qu’au Québec il y ait un contrat qui soit mis sur la tête d’un journaliste parce qu’il a fait son travail", a réagi François Legault, cité par Le Devoir, un autre journal québécois. "Ce n’est vraiment pas le genre de Québec qu’on veut."

Par le passé, plusieurs journalistes québécois ont été pris pour cible par le crime organisé. Le 13 septembre 2000, Michel Auger, journaliste pour le Journal de Montéal, avait été atteint de six balles dans le dos mais avait survécu à cette tentative d'assassinat.

Article original publié sur BFMTV.com