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Pékin organisera les Jeux olympiques d'hiver 2022

La délégation chinoise exulte à l'annonce par le Comité international olympique, réuni à Kuala Lumpur, de l'attribution à Pékin de l'organisation des Jeux olympiques d'hiver 2022. /Photo prise le 31 juillet 2015/REUTERS/Olivia Harris

par Julian Linden KUALA LUMPUR (Reuters) - Pékin a été choisie vendredi par le Comité international olympique (CIO) comme ville organisatrice des Jeux d'hiver 2022. La capitale chinoise est, dans les annales olympiques, la première ville à s'être vu attribuer à la fois des Jeux d'été (en 2008) et des Jeux d'hiver. "Ce jour restera dans l'Histoire. En 120 ans, c'est sans précédent. Nous sommes bouleversés", a déclaré le maire de Pékin, Wang Anshun, à qui le président Xi Jinping a adressé ses "félicitations chaleureuses". La métropole chinoise l'a emporté par 44 voix contre 40 et une abstention lors d'un vote à bulletins secrets des 85 membres du CIO aux dépens d'Almaty, au Kazakhstan, qui était la seule autre ville candidate. Le Kazakhstan espérait être le premier pays musulman à organiser des Jeux olympiques. Des réserves ont été émises sur le projet chinois en raison de la dispersion des sites, répartis entre Pékin et les montagnes autour de Zhangjiakou et Yanqing, où le manque de neige nécessitera de recourir à de la neige artificielle. Almaty avait au contraire l'avantage de proposer des sites regroupés mais la délégation chinoise a fait valoir que Pékin pourrait s'appuyer sur l'expérience des JO 2008, qu'une grande partie des sites existait déjà, et que l'organisation des JO 2022 permettrait l'éclosion des sports d'hiver dans le nord-est de la Chine, où vivent plus de 300 millions d'habitants. Les deux candidatures faisaient en tout cas l'unanimité sur un point auprès des ONG, le manque de respect des droits de l'homme. "La devise olympique 'plus vite, plus haut, plus fort' convient parfaitement pour décrire les attaques du gouvernement chinois contre la société civile: plus de militants pacifistes arrêtés en un temps record, soumis à des traitements toujours plus sévères", a commenté la directrice de Human Rights Watch-China, Sophie Richardson, dans un communiqué. "LE CIO N'EST PAS UN GOUVERNEMENT MONDIAL" Le CIO est régulièrement critiqué par les associations de défense des droits de l'homme. L'attribution des JO d'été 2008 à Pékin et des JO d'hiver 2014 à Sotchi, en Russie, a notamment été la cible de leur courroux. Avant de décacheter l'enveloppe contenant le nom du vainqueur, le président du CIO Thomas Bach a souligné dans son discours liminaire en Malaisie qu'"en dehors du contexte des Jeux olympiques, le CIO doit respecter les lois des Etats souverains". "Le CIO n'est pas un gouvernement mondial. Les gouvernements ont leurs propres responsabilités", a-t-il dit. Avec Pékin, l'Asie de l'Est s'impose à nouveau comme le nouveau centre de gravité de l'olympisme. La ville sud-coréenne de Pyeongchang accueillera déjà les Jeux d'hiver 2018 et Tokyo les Jeux d'été 2020. Mais ce choix, bien qu'attendu, reflète avant tout les problèmes économiques des autres parties du monde plutôt qu'une volonté assumée de camper dans la même région. Quatre villes européennes (Stockholm, Oslo, Cracovie, Lviv en Ukraine) étaient initialement en lice pour les JO 2022 mais elles se sont toutes désistées en raison d'un manque de soutien populaire et du coût exorbitant de l'événement. Les JO de Sotchi, organisés en 2014 dans le sud de la Russie pour un coût global de 46 milliards d'euros, ont échaudé plus d'un prétendant. Cette inflation des coûts a incité le CIO à introduire en décembre dernier plusieurs réformes pour réduire les frais de la compétition et attirer davantage de candidatures à l'avenir. L'instance dirigeante a ainsi ouvert la voie à la tenue des JO dans deux villes ou deux pays différents à partir de 2024 et à une hausse du nombre des épreuves représentées. (Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)