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Pyongyang ne veut plus discuter avec Mike Pompeo

La Corée du Nord ne veut plus du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo comme interlocuteur et souhaite discuter dorénavant avec un responsable qui soit "plus prudent et plus mûr dans sa façon de communiquer", écrit jeudi l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA. /Image diffusée le 11 avril 2019/REUTERS/KCNA

SEOUL (Reuters) - La Corée du Nord ne veut plus du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo comme interlocuteur et souhaite discuter dorénavant avec un responsable qui soit "plus prudent et plus mûr dans sa façon de communiquer", écrit jeudi l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA.

L'agence, qui cite un haut responsable du ministère des Affaires étrangères nord-coréen, Kwon Jong-gun, a ajouté, sans plus de précisions, que "personne ne peut prévoir" ce que deviendra la situation dans la péninsule coréenne si Washington ne renonce pas à la "cause originelle" qui a conduit la Corée du Nord à se doter d'un programme nucléaire.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a par ailleurs supervisé mercredi l'essai d'une nouvelle arme tactique. C'est le premier test d'arme rendu public par le Nord depuis l'échec du sommet de Hanoï.

Le terme "tactique" suggère cependant qu'il s'agit d'une arme de courte portée, et non pas de missiles balistiques ou nucléaires de longue portée capables de frapper le territoire américain, comme c'est la crainte des Etats-Unis.

A Washington, le gouvernement fédéral américain s'est employé à minimiser ces deux développements.

Patrick Shanahan, secrétaire intérimaire à la Défense, a déclaré que les Nord-Coréens avaient bien procédé à un test mais, a-t-il ajouté devant la presse, "ce n'était pas un missile balistique".

Quant au refus de Pyongyang de discuter avec Pompeo, une porte-parole du département d'Etat a pris note et a ajouté: "Les Etats-Unis restent prêts à impliquer la Corée du Nord dans une négociation constructive."

Kim Jong-un a tenu deux sommets avec le président américain Donald Trump.

Le premier a eu lieu à Singapour en juin dernier et le deuxième, fin février à Hanoï, s'est soldé par un échec. Les Etats-Unis cherchent à obtenir de Pyongyang l'abandon de ses armes nucléaires et les Nord-Coréens souhaitent de leur côté la levée des sanctions internationales visant leur pays du fait de leurs programmes atomique et balistique militaires.

Selon Kwon Jong-gun, chargé des relations avec les Etats-Unis au ministère nord-coréen des Affaires étrangères, le sommet de Hanoï a montré que les discussions pouvaient mal tourner "chaque fois que Pompeo y met son nez".

"Je crains que si Pompeo ne s'implique à nouveau dans les discussions, elles ne s'enlisent", a-t-il estimé.

"De ce fait, en cas d'éventuelle reprise du dialogue avec les Etats-Unis, je souhaite que notre interlocuteur ne soit pas Pompeo mais une autre personne, plus prudente et plus mûre dans la façon dont elle communique", a continué Kwon Jong-gun.

A en croire celui-ci, Mike Pompeo a tenu "des propos irréfléchis, qui attentent à la dignité de notre direction suprême", allusion manifeste au fait que Kim Jong-un ait été qualifié de "tyran" lors d'une audition devant le Congrès, la semaine dernière.

(Hyonhee Shin et Joyce Lee avec David Brunnstrom à Washington; Jean Terzian, Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français)