Pyongyang met Trump en garde contre les critiques américaines

par Jack Kim et Josh Smith

HANOI (Reuters) - A trois jours du second sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un, la Corée du Nord a mis en garde dimanche le président américain, lui demandant de ne pas écouter les critiques qui se font entendre aux Etats-Unis contre sa politique coréenne.

Le président américain et le dirigeant nord-coréen doivent se retrouver mercredi et jeudi à Hanoï pour poursuivre sur la voie d'une dénucléarisation de la péninsule coréenne amorcée lors de leur sommet historique de Singapour, le 12 juin dernier.

La déclaration qui avait suivi cette rencontre inédite, rédigée en termes vagues, n'a pas produit pour l'heure de résultats tangibles et plusieurs élus démocrates, mais aussi des responsables des agences américains de sécurité, ont enjoint à Trump de ne pas conclure coûte que coûte un accord qui n'encadrerait pas avec force les ambitions nucléaires de Pyongyang.

Dans un commentaire publié dimanche, l'agence officielle de presse nord-coréenne KCNA estime que ces critiques visent à faire dérailler le processus amorcé entre Kim et Trump.

"Si l'actuel gouvernement américain consulte les autres, prête une oreille à d'autres, il pourrait se retrouver face au rêve brisé d'une amélioration de ses relations avec la République populaire démocratique de Corée et d'une paix mondiale et laisser passer cette rare occasion historique", écrit KCNA.

Depuis le sommet de Singapour, il y a huit mois, l'administration Trump maintient que la Corée du Nord doit renoncer à son programme nucléaire militaire - lequel, combiné aux capacités du régime de Pyongyang en matière de missiles, constitue une menace pour les Etats-Unis - avant de pouvoir tabler sur des contreparties.

Mais la semaine passée, Donald Trump a laissé entendre qu'il pourrait assouplir cette position, indiquant qu'il aimerait être en capacité d'annuler des sanctions s'il observe des progrès significatifs vers une dénucléarisation.

Le président américain a aussi noté qu'il n'était pas pressé, ouvrant la voie à une approche graduelle et réciproque que Pyongyang privilégie de longue date.

D'où l'inquiétude de certains responsables américains.

Kim Jong-un poursuivait pour sa part ce dimanche son long périple en train vers la capitale du Vietnam.

Le dirigeant nord-coréen a quitté Pyongyang samedi en fin d'après-midi heure locale, accompagné de plusieurs dignitaires de son régime dont Kim Yong-chol, l'ancien maître espion qui coordonne les discussions avec Washington.

Sa soeur, Kim Yo-jong, dont l'influence a été démontrée lors des Jeux olympiques d'hiver qu'organisait la Corée du Sud début 2018, est également du voyage.

Le quotidien nord-coréen Rodong Sinmun publie quelques photos du départ de Kim et de sa délégation, avec tapis rouge et garde d'honneur. Le trajet pourrait prendre deux jours et demi.

D'autres délégués nord-coréens sont déjà à Hanoï pour préparer le sommet de mercredi et jeudi, de même que l'émissaire américain Stephen Biegun.

(avec Joyce Lee, Ju-min Park, Soyoung Kim, Hyonhee Shin et James Pearson; Henri-Pierre André pour le service français)