Pyongyang: Le tir de missile visait à tester sa capacité nucléaire

La Corée du Nord a annoncé lundi avoir mené avec succès un essai de missile d'une portée moyenne à longue sous la supervision de Kim Jong-un, et précisé que le tir visait à vérifier la capacité du missile à porter "une ogive nucléaire de grande ampleur". /Photo diffusée le 5 mai 2017/REUTERS/KCNAE

par Jack Kim et Ju-min Park SEOUL (Reuters) - La Corée du Nord a annoncé lundi avoir mené avec succès, dimanche, un essai de missile d'une portée moyenne à longue, sous la supervision de Kim Jong-un, et a précisé que le tir visait à vérifier la capacité du missile à porter "une ogive nucléaire de grande ampleur". Le dirigeant nord-coréen a accusé les Etats-Unis d'"intimider" les pays dépourvus de l'arme nucléaire et a mis en garde Washington, déclarant que le territoire américain était "à portée de visée" d'un tir, a rapporté l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA. La Corée du Nord a tiré dimanche un missile balistique qui a atterri en mer du Japon, à proximité de la Russie, quatre jours après l'élection du président sud-coréen Moon Jae-in, soucieux de dialoguer avec le Nord. Le missile, nommé Hwasong-12, a été tiré à un angle élevé afin de ne pas altérer la sécurité des pays voisins et a parcouru 787 kilomètres, atteignant une altitude de 2.111 kilomètres, a précisé KCNA. Ces informations concordent avec les rapports de l'armée sud-coréenne et du Japon, qui ont fait état d'un tir surpassant, sur la distance et l'altitude, le dernier essai de missile de moyenne portée mené depuis la même base en février. "L'essai de tir visait à vérifier les spécifications tactiques et technologiques de la fusée balistique nouvellement développée, capable de transporter une ogive nucléaire de grande ampleur", a dit KCNA. "Si les Etats-Unis tentent maladroitement de provoquer la RPDC, ils n'échapperont pas au plus grand désastre de l'histoire, a déclaré Kim, mettant en garde fermement les Etats-Unis contre une (...) mauvaise évaluation de la réalité, qui est que son continent et sa région d'activité dans le Pacifique sont à portée de visée d'un tir de la RPDC, et que (la RPDC) a tous les moyens de puissance pour une frappe de rétorsion", a déclaré l'agence officielle. Dimanche, le commandement régional américain a estimé que la trajectoire ne "correspondait pas à un missile balistique intercontinental", dont la portée minimale est de 6.000 km. PRIVILÉGIER LA DIPLOMATIE Des experts estimaient que ce missile, s'il avait été tiré à un angle normal, aurait pu parcourir plus de 4.000 km, signe des progrès du programme d'armement nord-coréen. Le Conseil de sécurité des Nations unies a prévu de se réunir mardi pour étudier la situation dans la péninsule coréenne après ce nouveau tir de missile balistique mené au mépris de ses résolutions. Le régime nord-coréen est soupçonné de chercher à développer des missiles de longue portée à ogive nucléaire capables d'atteindre les Etats-Unis. La Corée du Nord s'emploie à mettre au point un missile à ogive nucléaire en mesure d'atteindre le sol américain, ce qui représenterait un vol de 8.000 km environ et serait sans doute le défi le plus grand lancé à Donald Trump en matière de sécurité. Donald Trump n'a pas écarté, en avril, le risque d'un conflit majeur avec la Corée du Nord, mais il a dit préférer une issue diplomatique à la crise. Il s'est aussi engagé à empêcher Pyongyang de pouvoir frapper les Etats-Unis avec un missile nucléaire, ce que, d'après les experts, les Nord-Coréens pourraient être en mesure de faire à un moment ou l'autre après 2020. Le dernier tir expérimental en date laisse penser que la Corée du Nord a fait un pas dans cette direction, estiment les analystes. Le quotidien nord-coréen Rodong Sinmun, organe officiel du Parti des travailleurs au pouvoir, consacre lundi la moitié de son édition à la couverture du tir de missile, publiant des photos du lancement et de Kim Jong-un fêtant le succès de l'essai en compagnie d'officiers de l'armée. L'agence de presse nord-coréenne KCNA affirme que le tir expérimental a permis de tester "les systèmes de guidage et de stabilisation" et la fiabilité d'un nouveau moteur, ainsi que la solidité de l'ogive, qui a pu survivre "à la pire situation de rentrée dans l'atmosphère". Kim Dong-yub, professeur à l'institut d'études extrême-orientales de l'université Kyungnam à Séoul, estime que si ce que KCNA écrit est avéré, cela dénotera un avancement plus rapide que prévu du programme nord-coréen de missile intercontinental. (Julie Carriat et Eric Faye pour le service français)