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Pyongyang doit arrêter son "comportement menaçant", dit Tillerson

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a réclamé vendredi un "arrêt prolongé du comportement menaçant de la Corée du Nord" comme condition à l'ouverture de discussions entre Washington et Pyongyang. /Photo prise le 15 décembre 2017/REUTERS/Stephanie Keith

NATIONS UNIES (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a réclamé vendredi un "arrêt prolongé du comportement menaçant de la Corée du Nord" comme condition à l'ouverture de discussions entre Washington et Pyongyang.

Il n'a pas dit combien de temps devait durer cette "pause" à ses yeux.

"La Corée du Nord doit gagner son droit de revenir à la table des discussions. Les pressions doivent se poursuivre et se poursuivront jusqu'à la dénucléarisation", a déclaré le chef de la diplomatie américaine lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée aux programmes balistique et nucléaire nord-coréens.

Le secrétaire d'Etat américain a affirmé ensuite devant la presse que les Etats-Unis n'accepteraient aucune condition préalable à des discussions avec la Corée du Nord.

Rex Tillerson a proposé mardi des discussions directes entre les Etats-Unis et la Corée du Nord "sans condition préalable", un changement de ton remarquable de la part de Washington qui exigeait jusqu'à présent que Pyongyang accepte en premier lieu que la finalité d'éventuels pourparlers soit de renoncer à son arsenal nucléaire.

Mais la Maison blanche a contredit quelques heures plus tard son chef de la diplomatie en affirmant qu'il ne pouvait y avoir de discussions sans une "amélioration fondamentale du comportement" du gouvernement nord-coréen.

L'ambassadeur de Corée du Nord auprès des Nations unies, Ja Song-nam, n'a fait aucune mention de la pause demandée par Tillerson. Ja Song-nam a assuré que le régime de Pyongyang ne constituerait une menace pour personne du moment qu'on ne porterait pas atteinte à ses intérêts.

Aux yeux de l'ambassadeur nord-coréen, cette réunion du Conseil de sécurité n'est qu'une "mesure désespérée tentée par les Etats-Unis, terrifiés par la puissance incroyable de notre république qui a réussi la grande cause historique d'achever son programme d'armement nucléaire".

PAS INTÉRESSÉE

La Corée du Nord a fait comprendre qu'elle n'était pas intéressée par des négociations avec les Etats-Unis tant qu'elle n'aura pas développé un missile capable d'atteindre le territoire américain.

A l'issue de son dernier test, effectué avec un nouveau modèle de missile balistique intercontinental allant plus haut et plus loin que les précédents, la Corée du Nord a affirmé pouvoir atteindre le sol américain.

Le chef du Pentagone James Mattis a déclaré vendredi devant des journalistes que les analyses du dernier test nord-coréen se poursuivraient, mais, qu'à son avis, le nouvel ICBM ne constituait pas une menace imminente pour les Etats-Unis.

Le ministre japonais des Affaires étrangères, Taro Kono, a expliqué devant le Conseil de sécurité que la Corée du Nord n'était pas intéressée par des pourparlers.

La Corée du Nord est "loin d'être prête" à abandonner ses programmes balistique et d'armement nucléaire, a ajouté le chef de la diplomatie japonaise.

"Le dernier test a été effectué 75 jours après les provocations du mois de septembre. Certains optimistes ont vu dans ce silence de 75 jours un signal positif, mais le test de novembre a montré à quel point la Corée du Nord continuait à développer inlassablement ses programmes balistique et d'armement nucléaire", a dit Taro Kono.

Devant le Conseil de sécurité, Rex Tillerson a appelé la Chine et la Russie à accroître leurs pressions sur la Corée du Nord en allant au-delà de la seule application des sanctions de l'Onu, une idée à laquelle les deux pays sont réfractaires.

L'ambassadeur de Chine auprès des Nations unies, Wu Haitao, a insisté sur la nécessité pour tous les pays d'appliquer les sanctions prononcées par le Conseil de sécurité de l'Onu, mais a estimé que des sanctions unilatérales pourraient compromettre son unité.

Vassili Nebenzia, l'ambassadeur de Russie auprès des Nations unies, a fait part d'une position similaire.

En place depuis 2006, les sanctions de l'Onu ont été renforcées pour la dernière fois en septembre dernier, après un sixième essai nucléaire nord-coréen.

Prenant la parole devant le Conseil, le secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres a souhaité le rétablissement immédiat des canaux de communication avec la Corée du Nord, y compris les canaux intercoréens, afin de réduire le risque de malentendus qui pourraient déboucher sur un conflit armé.

(Michelle Nichols; Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian pour le service français, édité par Tangi Salaün)