Punaises de lit: comment New York a réussi à contenir leur soudaine explosion
Dans les logements, les cinémas et les métros, des témoignages affluent pour dénoncer la présence de punaises de lit. La France s'inquiète depuis plusieurs jours d'une invasion de ce nuisible, buveur de sang, qui pourrait s'accélérer avec les Jeux Olympiques de 2024, l'insecte adorant se nicher dans les vêtements et dans les valises, pas seulement les lits.
Toutes ces contraintes, une ville les a connues, et a su s'en sortir: New York. Dans la Grosse Pomme, les "bed bugs" ont profité de la vétusté du bâti, de la présence massive d'hôtels et d'Airbnb, le tout avec une densité humaine spectaculaire (10.194 habitants/km²) pour faire leurs nids.
"Tous mes amis ont des punaises"
Au début des années 2000, l'infection a fait bien plus qu'un saut de puce. En 2004, la ville n'a décompté que "537" signalements... contre 24.000 en 2010. Des valeurs qui sont sans doute en dessous de la réalité, puisqu'il ne s'agit que de signalements volontaires. Or, il est parfois difficile d'admettre que son foyer est contaminé.
Riches ou pauvres, les New-yorkais étaient tous victimes de la situation. Y compris l'entourage du maire (2002-2013) et milliardaire Michael Bloomberg. "Tous mes amis ont des punaises de lit!", a-t-il confié à l'élue locale Gale Brewer.
Il n'était pas non plus rare de croiser les nuisibles dans des lieux prestigieux comme les bureaux du New York Times ou l'immense boutique Victoria's Secret de Manhattan. Des "bed bugs" ont été retrouvées jusque dans les culottes et autres soutiens-gorge.
"Nous en avons assez!"
Au sommet de la crise, le 29 juillet 2010, la mairie a pris le taureau par les cornes. Sur les marches de l'hôtel de ville, Christine Quinn, une conseillère municipale, a déclaré la guerre contre les punaises de lit.
"Mourez. Vos jours sont finis! Nous en avons assez et nous amenons des fonds pour vous battre et vous chasser des cinq arrondissements", s'est exclamée la représentante du Conseil municipal.
La mairie a engagé 500.000 dollars (750.000 dollars en corrigeant l'inflation) pour mener son offensive. De l'argent réparti pour financer un portail web d'information sur la lutte contre l'ennemi à six pattes et recruter une équipe dédiée à l'élimination des punaises.
En parallèle, l'État de New York a mis la pression sur les propriétaires. Ils ont été contraints de prévenir les locataires potentiels de la présence des insectes dans leur logement dans les 12 derniers mois. Un argument qui peut se montrer très utile pour forcer les "landlords" à traiter leurs surfaces dans l'espoir de trouver un locataire.
Les New-Yorkais ont aussi l'interdiction d'abandonner leur matelas dans la rue sans les emballer dans un film plastique sous peine d'amende: 100 petits dollars.
Problème contenu
Quand la ville a annoncé cette batterie de mesures, les New-Yorkais se sont empressés de pester contre leur inefficacité annoncée. Les archives du début de la décennie précédente montrent de nombreux regards incrédules sur cette politique. Et pourtant, les donnes fournies par la mégapole montrent que la tendance s'est rapidement inversée:
New York semble avoir remporté une bataille, mais pas la guerre. Les punaises de lit font encore leur nid dans d'anciens bâtiments et réapparaissent ponctuellement à la Une des journaux. Il est de toute façon virtuellement impossible d'éradiquer pour de bon ces insectes. À défaut d'une solution magique, le problème est contenu.