Publicité

Publicis prédit une vague de mariages entre publicité et conseil

par Mathieu Rosemain

BARCELONE (Reuters) - Le président du directoire de Publicis Arthur Sadoun a dit mercredi s'attendre à une vague de rapprochements entre les cabinets de conseil et les agences publicitaires, engagés dans une course de vitesse pour proposer des solutions de bout en bout à leurs clients.

Depuis plusieurs années, les grands noms du conseil - Accenture, PwC, IBM ou Deloitte - marchent sur les plates-bandes des publicitaires à coups d'acquisitions ciblées, parfois chèrement payées notamment dans le marketing.

Confronté à la concurrence des Gafa et à la pression des clients pour réduire les honoraires, les "Mad Men" ont dans le même temps engagé leur mue vers la technologie pour diversifier leur gamme de services vers le e-commerce, l'expérience client et le "big data".

Leur objectif est désormais identique : pouvoir proposer des solutions clef en main aux entreprises déboussolées par le numérique et les transformations qu'il implique dans toute la chaîne de valeur.

Signe des temps, c'est un consortium constitué de Publicis et Capgemini qui a décroché le budget de la multinationale McDonald's pour imaginer ses restaurants du futur.

Pour le président du directoire de Publicis, numéro trois mondial de la publicité, cette convergence entre les deux métiers devrait se traduire à terme par une recomposition du paysage publicitaire.

"Mon pronostic, je ne sais pas quand cela va se produire, c'est qu'il y aura un premier mouvement important à un moment donné", a expliqué Arthur Sadoun lors de la conférence organisée par Morgan Stanley à Barcelone sur les télécoms, médias et technologie (TMT).

"Et puis ensuite ce sera exactement comme dans 'Reservoir Dogs' : Il y en a un qui tire puis les autres tirent. Le jour où cela se produira, le marché changera", a-t-il pronostiqué.

Dans ce contexte mouvant, Arthur Sadoun estime Publicis bien positionné, le français ayant été l'un des premiers à faire mouvement avec le rachat de l'entreprise de technologie Sapient en 2014.

L'opération s'est avérée coûteuse et douloureuse pour Publicis, contraint de passer une lourde dépréciation, en raison du choc des cultures entre ces deux mondes, ce qui illustre aux yeux du dirigeant l'ampleur de la tâche qui attend les autres groupes désireux de lui emboîter le pas.

Publicis, qui a enchaîné les acquisitions sous l'ère de son prédécesseur Maurice Lévy, compte pour sa part se montrer discipliné en matière de M&A, a réaffirmé Arthur Sadoun.

Interrogé sur le marché publicitaire, le dirigeant s'est montré prudent, estimant seulement que l'année 2019 devrait marquer une amélioration par rapport à 2018.

(Avec Gwénaëlle Barzic à Paris, édité par Dominique Rodriguez)