PSG - Atlético Madrid : le soutien à la Palestine, une habitude des supporters parisiens, et d’autres clubs

La banderole "Free Palestine" déployée par des supporters du PSG mercredi soir fait polémique. Le ministre de l'Intérieur demande des explications au club.

Des supporters du PSG ont brandi une banderole géante
Des supporters du PSG ont brandi une banderole géante "Free Palestine" avant le match contre l'Atletico Madrid (Photo by Ibrahim Ezzat/Anadolu via Getty Images)

"Free Palestine" avec au-dessus un drapeau palestinien ensanglanté, un drapeau du Liban, la ville de Jérusalem, des chars et une personne coiffée d'un keffieh. Et un autre message : "La guerre sur le terrain, mais la paix dans le monde". Le Collectif Ultras Paris (CUP) a précisé dans un communiqué publié jeudi qu'"en aucun cas, ce tifo n'avait vocation à véhiculer un message de haine, bien au contraire, le message qui l'accompagnait est explicite et est un appel à la paix entre les peuples". Ajoutant que les ultras n'ont eu besoin "ni de l'aide, ni de la complaisance (du PSG) pour la confection ou le déploiement" du tifo.

L'immense banderole déployée par le Collectif Ultra Paris (CUP) mercredi 6 novembre au Parc des Princes avant le match PSG - Atlético Madrid fait pourtant polémique. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau estime que "ce tifo n'avait pas sa place dans ce stade", et demande des explications au club, rappelant que "de tels messages sont d'ailleurs proscrits par les règlements de la Ligue et de l'UEFA".

"Si cela devait se répéter, il faudrait envisager d'interdire les tifos pour les clubs qui ne font pas respecter les règles". Le ministre de l'Intérieur, issu de la frange conservatrice de LR, poursuit : "Je demande au PSG de s'expliquer et aux clubs de veiller à ce que la politique ne vienne pas abîmer le sport, qui doit toujours rester un ferment d'unité". Le président de la Fédération française de football et le directeur général du PSG ont d'ailleurs convoqués vendredi au ministère de l'Intérieur, et seront reçus par Othman Nasrou, secrétaire d'État chargé de la Citoyenneté et contre les Discriminations.

Une banderole qui ne sera pas sanctionnée par l'UEFA car contrairement à ce que dit Bruno Retailleau, l'article 16.4 du règlement disciplinaire de l'instance européenne permet de sanctionner "tout message provocateur inadapté à un événement sportif", notamment "tout message provocateur de nature politique, idéologique, religieuse ou insultante". Sauf que l'UEFA affirme jeudi matin qu'"il n'y aura pas de cas disciplinaire puisque la banderole déployée ne peut pas être considérée comme provocatrice ou insultante dans ce cas précis", a précisé son porte-parole.

Une immense banderole de soutien à la Palestine qui est une habitude dans les travées de Parc des Princes, depuis des années. Il y a presque un an, le 24 novembre 2023, une banderole est déployée par des supporters du PSG lors du Match PSG-AS Monaco. On peut y lire : "Cette année, la semaine des droits de l’enfance se fera sans les enfants de Gaza".

Quelques semaines plus tôt, à l'occasion d'un match de coupe d'Europe contre le Milan AC, des supporters déploient une banderole : "Moyen-Orient : Que toutes les victimes innocentes reposent en paix. Crime de guerre à Gaza, que fait la communauté internationale ?". De multiples drapeaux palestiniens avaient été brandis dans les tribunes. Là non plus, l'UEFA n'avait pas sanctionné, estimant que les messages pro-palestiniens affichés, mercredi soir, au Parc des princes n'étaient pas "provocants".

En octobre 2022, le Paris-Saint-Germain accueille le club israélien du Maccabi Haïfa. À l'entrée des joueurs, plusieurs supporters parisiens déploient des drapeaux aux couleurs de la Palestine. À la mi-temps, un drapeau palestinien plus imposant est dévoilé et une banderole : "Gaza existe, Gaza résiste, free Palestine (NDLR : la Palestine libre)" apparaît dans le virage Auteuil en deuxième période.

L'UEFA avait alors ouvert un cas disciplinaire, qui n'avait débouché sur aucune sanction.

En août 2022, alors que des bombardements frappaient l’enclave palestinienne, une bâche était tendu : "On traîne en bande comme à Gaza". Quelques mètres au-dessus, on pouvait voir flotter le drapeau palestinien.

Ces supporters du PSG sont loin d'être les seuls à afficher leur soutien à la Palestine dans les gradins. Le cas le plus emblématique est celui des supporters du Celtic Glasgow, en Écosse. À plusieurs reprises depuis les frappes menées sur Gaza, les fans ont remplacé leurs traditionnels les drapeaux vert et blanc, les couleurs du club, par des drapeaux palestiniens, et entonné "Peuple de Palestine vous ne marcherez jamais seul", chant inspiré du célèbre "You'll never walk alone".

En septembre dernier, lors d'un match de coupe d'Europe, les supporters du Celtic ont déployé une large banderole à destination des Palestiniens : "Ils peuvent vous opprimer, ils peuvent vous emprisonner, mais ils ne briseront jamais votre esprit ! Gaza, Jénine, Tulkarem, Naplouse, vous ne marcherez jamais seuls !".

Plusieurs actions qui ont, cette fois, été sanctionnées par l'UEFA : une amende de 17.500 euros au Celtic Glasgow parce que ses supporters ont brandi des drapeaux palestiniens dans les tribunes lors du match de Ligue des Champions, le 25 octobre dernier, contre l'Atlético de Madrid, a annoncé l'UEFA mercredi 22 novembre 2023. Le club a également décidé en octobre 2023 de suspendre plusieurs semaines les membres de la Green Brigade (Brigade verte), qui organisent ces actions de soutien.

Un soutien historique du Celtic qui remonte à plusieurs années : lors de la finale 2018 de la Coupe d'Écosse, les supporters avaient par exemple affiché la banderole suivante : "Le Celtic se tient aux côtés de la Palestine. Stop génocide, stop racisme".

Un soutien affiché à la Palestine par les supporters de plusieurs clubs à travers l'Europe. En Espagne, le 11 novembre 2023, des supporters de la Real Sociedad apparaissent dans les tribunes vêtus de combinaisons recouvertes de sang et munis de drapeaux palestiniens. Un happening choc pour dénoncer les bombardements israéliens. Leur vidéo mentionne, en langue basque : "silence = complicité".

Une banderole de soutien à la Palestine qui vire au sujet politique à une semaine du match international de football entre l'équipe de France et Israël le 14 novembre au Stade de France. L’organisation de ce match s’annonce très tendue sur le plan sécuritaire, compte tenu du contexte international.

La Belgique avait renoncé à accueillir Israël en septembre, délocalisant la rencontre en Hongrie, tandis que l'Italie avait opté pour la ville d'Udine, dans un petit stade, avec la mise en place d’une "zone rouge" quarante-huit heures avant le coup d’envoi et une jauge de spectateurs réduite. Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, a assuré la semaine passée que la rencontre aurait lieu comme prévu au Stade de France.