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Opel: La solidarité syndicale s'effrite au sein de PSA

par Edward Taylor et Laurence Frost

FRANCFORT/PARIS (Reuters) - Les suppressions de postes prévues chez Opel permettront d'atteindre les objectifs de coûts du groupe PSA, a déclaré vendredi le président du conseil d'entreprise du constructeur automobile allemand.

Le rejet d'autres concessions de la part des salariés d'Opel commence à susciter des critiques de la part d'autres syndicats au sein de PSA.

Opel, que PSA a racheté l'an dernier à General Motors, n'est plus rentable depuis près de 20 ans. Son nouveau propriétaire lui a donné jusqu'en 2020 pour renouer avec les bénéfices via un plan de redressement prévoyant d'importantes mesures d'économies et une intégration de sa gamme dans l'architecture globale de PSA.

PSA exige que 3.700 emplois soient supprimés chez Opel en Allemagne d'ici 2020, a dit Wolfgang Schäfer-Klug lors d'une conférence de presse.

Le président du conseil d'entreprise d'Opel a ajouté que des plans de retraite anticipée et d'autres mesures avaient déjà entraîné la disparition de 2.000 postes et que 2.000 autres personnes accepteraient probablement des plans de départ.

"Je ne suis pas inquiet quant à la capacité à tenir les objectifs de coûts, l'ampleur du taux d'acceptation (des plans de départ) conduit à se demander s'il va rester suffisamment d'effectifs pour gérer l'actuelle charge de travail", a-t-il déclaré.

"Ce qui manque, c'est une vision claire de l'avenir pour Opel en termes d'utilisation des capacités de production et de garanties en matière d'emploi au-delà de 2020."

PSA s'est refusé à tout commentaire sur ce chiffrage.

"CHANTAGE"

De son côté, le syndicat allemand IG Metall dénonce la méthode de négociation de PSA.

Avant d'accepter d'attribuer l'assemblage d'un nouveau modèle à l'usine d'Eisenach, qui emploie 1.800 personnes, PSA a demandé des concessions salariales à l'ensemble des 19.000 employés d'Opel en Allemagne.

PSA a proposé de construire un nouveau SUV à Eisenach mais les représentants syndicaux craignent que les ventes de ce modèle ne suffisent pas à assurer la survie du site et réclament des garanties supplémentaires.

"Ils essaient de nous faire du chantage", a dit vendredi Berthold Huber, un dirigeant d'IG Metall membre de l'équipe de négociation d'Opel.

En France, Force Ouvrière (FO), premier syndicat chez PSA, a appelé IG Metall à assumer davantage les réductions de coûts nécessaires.

"Il ne faut pas qu’ils pensent que c’est le groupe PSA qui va absorber leur difficultés. C’est sûr, auparavant, c’est ce qui se passait avec General Motors (...)", a déclaré à Reuters Christian Lafaye, représentant FO.

"Parce que les partenaires français ne sont pas prêts à faire supporter aux salariés français un troisième plan de compétitivité."

En Angleterre, Gary Reay, représentant du syndicat Unite, a de même déclaré que les salariés du site de Luton seraient consternés d'apprendre que leurs collègues allemands ne contribuent pas autant que les autres au redressement.

"Nos membres seraient très fâchés", a-t-il dit. "Nous n'avons pas eu la chance d'obtenir l'augmentation que nous voulions, qui aurait été au-dessus de l'inflation. Mais on a fait ce qu'on pensait qu'il fallait faire étant donné la situation."

(Benoit Van Overstraeten, Bertrand Boucey et Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)