Près de 200 arrestations lors des émeutes à Baltimore

par Ian Simpson et Warren Strobel BALTIMORE (Reuters) - Près de 200 personnes ont été arrêtées lors des violents affrontements entre manifestants et policiers lundi à Baltimore, en marge des obsèques d'un jeune Noir mort ce mois-ci en détention après avoir été blessé lors de son interpellation. Les manifestants ont incendié une quinzaine de bâtiments et 144 véhicules dans le quartier pauvre de West Baltimore, a précisé mardi la mairie. Quinze policiers ont été blessés, dont six grièvement. Des manifestants ont saccagé et pillé des magasins, des pharmacies et une galerie marchande lors des ces violences, les plus graves aux Etats-Unis depuis celles de Ferguson (Missouri) à la fin de l'an dernier. Les opérations de nettoyage ont commencé mardi matin dans le quartier ravagé, où des policiers en tenue anti-émeute et des pompiers ont été déployés. Des hommes de la Garde nationale ont également été dépêchés sur place. Le gouverneur du Maryland, le républicain Larry Hogan, a décrété lundi l'état d'urgence et imposé un couvre-feu nocturne d'une semaine à Baltimore à compter de ce mardi soir. Les écoles de cette ville de plus de 600.000 habitants, à une soixantaine de kilomètres de Washington, sont restées fermées. Stephanie Rawlings-Blake, maire de la ville qui s'est entretenue par téléphone avec Barack Obama, a qualifié les émeutiers de "voyous". La télévision a montré des groupes d'émeutiers grimpant sur une voiture de police, détruisant un taxi et mettant le feu à deux autres véhicules de patrouille, alors que les jeunes manifestants refusaient de se disperser et affrontaient des centaines de policiers. Les émeutiers ont lancé des briques, brisé des vitres de voitures à coups de battes de base-ball. CHAOS Le porte-parole de la police a accusé les jeunes venus en grand nombre d'avoir attaqué les policiers "sans nullement avoir été provoqués". "Nous utiliserons les moyens appropriés" pour rétablir le calme, a-t-il promis. Après plus d'une heure de chaos, des centaines de policiers ont progressé dans les rues jonchées de bris de verre, où avaient eu lieu le plus gros des violences, et ont eu recours au gaz à poivre pour disperser les émeutiers. Ces violences ont éclaté à quelques pâtés de maisons de l'église baptiste où les funérailles de Freddie Gray avaient réuni plus de 2.500 personnes. Parmi celles-ci se trouvaient de nombreux élus dont Elijah Cummings, élu de Baltimore à la Chambre des représentants, qui a promis que justice serait rendue. Stephanie Rawlings-Blake et le défenseur des droits civiques Jesse Jackson étaient également présents. Barack Obama avait délégué un représentant, Broderick Johnson. Sur Twitter, la police de Baltimore a dit avoir reçu des "menaces crédibles" provenant de plusieurs bandes criminelles locales qui promettaient de s'en prendre directement à des policiers. Freddie Gray, arrêté le 12 avril dans un quartier populaire de la ville, avait sur lui un couteau à cran d'arrêt. Lors de son interpellation, il a été victime d'une fracture des vertèbres cervicales qui a entraîné son décès une semaine plus tard. La police a ouvert une enquête qui devrait être bouclée d'ici vendredi et dont les conclusions seront transmises au parquet. Six agents ont été suspendus et le département de la Justice mène également une enquête sur une possible violation des droits civiques. Lors d'une marche de protestation samedi, des violences avaient déjà éclaté à Baltimore. Six policiers avaient été blessés et 35 personnes interpellées. (Avec Jim Bourg, Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)