Prudence sur les marchés, les tensions commerciales sont de retour

par Laetitia Volga

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes évoluent en baisse vendredi à mi-séance tandis que Wall Street est attendue en repli, dans l'attente de la publication éventuelle de la liste des produits chinois suceptibles d'être taxés par Washington, ce qui ne manquera pas de raviver le spectre de guerre commerciale entre les deux puissances économiques.

Hormis le CAC 40 qui résiste à Paris et gagne 0,09% à 5.533,46 points, le Dax à Francfort lâche 0,3% et à Londres, le FTSE recule de 0,8% vers 11h05 GMT.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 abandonne 0,41%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro cède 0,23% et le Stoxx 600 perd 0,38%.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,3% à 0,6% alors que la perspective de guerre commerciale fait son retour entre la Chine et les Etats-Unis.

Donald Trump doit dévoiler ce vendredi une liste révisée de produits chinois susceptibles d'être soumis à des tarifs douaniers "assez importants", selon un responsable de l'administration.

Un autre responsable à Washington a indiqué que cette liste porterait sur 800 catégories de produits, contre 1.300 évoquées auparavant. Le projet initial de tarifs douaniers de la Maison blanche visait un total de 50 milliards de dollars de produits chinois.

La Chine a indiqué vendredi qu'elle répondrait rapidement à toute mesure des Etats-Unis qui heurterait ses intérêts.

"La grande question est de savoir si nous allons tomber dans un enchaînement de représailles ? Quelle sera la réponse de la Chine et de l'Union européenne?," s'interroge Andrew Milligan, responsable de la stratégie mondiale chez Aberdeen Standard Investments.

"Cela n'affectera peut-être pas tellement la croissance du PIB mondial à court terme, mais cela aura un impact notable sur les flux de capitaux et le climat des affaires", ajoute-t-il.

Aux changes, l'euro rebondit de 0,16% à 1,1586 dollar après avoir chuté la veille de 1,9%, sa plus forte baisse en une séance depuis deux ans, fragilisé par les déclarations prudentes de la Banque centrale européenne (BCE) qui entend maintenir ses taux directeurs à leur niveau actuel aussi longtemps que nécessaire.

Dans le même temps, le dollar grappille 0,08% face à six autres devises de référence.

"L'euro a réagi si vivement à la réunion de la BCE car sa politique monétaire contraste fortement avec celle de la Réserve fédérale qui a adopté un ton moins accommodant mercredi [en relevant ses prévisions de hausse des taux en 2018]," déclare Junichi Ishikawa, chargé de la stratégie changes chez IG Securities.

Le rendement du Bund allemand de référence se traite à un creux de 10 jours à 0,402%, reculant de trois points de base.

LE SECTEUR FINANCIER A LA TRAINE APRES LA BCE

Du côté des valeurs, le compartiment bancaire en Europe est logiquement à la peine et perd 2,12%. Le secteur de l'assurance abandonne 1,27%.

A Paris, Société générale affiche la plus forte baisse du CAC: -2,62%. Crédit Agricole et BNP Paribas la suivent de près et perdent respectivement 2,37% et 2,35%.

Le motoriste britannique Rolls-Royce bondit de 8,36%, en tête du Stoxx 600, après avoir fait état d'objectifs financiers ambitieux à moyen terme au lendemain de la présentation d'un vaste plan de restructuration prévoyant la suppression de 4.600 postes.

Teleperformance se hisse à un plus haut historique et gagne 6,87% après avoir annoncé la veille avoir conclu un accord définitif en vue du rachat de la société indienne Intelenet pour un milliard de dollars, soit environ 800 millions d'euros.

A la baisse, H&M perd 3,84% en réaction à l'annonce d'une stagnation de ses ventes pour un deuxième trimestre consécutif, le numéro deux mondial du prêt-à-porter continuant à souffrir du ralentissement de la fréquentation de ses magasins.

Sur le marché pétrolier, le Brent perd 1,04% et le brut léger américain 0,25% avant la réunion de l'Opep et d'autres importants producteurs de brut à Vienne la semaine prochaine. L'Arabie saoudite et la Russie, les deux plus grands producteurs mondiaux, ont indiqué leur volonté d'accroître leur production.

(Avec Ritvik Carvalho et Tom Finn, édité par Blandine Hénault)