Prudence sur le commerce et attentes sur la Fed

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue sans grand changement et les Bourses européennes affichent une hausse prudente à mi-séance mercredi en l'absence de catalyseur susceptible de déclencher des mouvements de marché marqués et dans l'attente du compte rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale américaine.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais suggèrent une ouverture en léger repli pour le Dow Jones et le Standard & Poor's 500 et en baisse d'environ 0,4% pour le Nasdaq après le rebond de la veille.

À Paris, le CAC 40 perd 0,06% à 5.382,09 points vers 11h30 GMT alors qu'à Francfort, le Dax prend 0,11%.

Le FTSE 100 londonien se distingue avec une progression de 0,35%, favorisée par la baisse de la livre sterling.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en baisse de 0,09%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,08% et le Stoxx 600 de 0,09%.

L'actualité est nettement moins animée que les jours précédents sur le front du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine. L'ambassadeur chinois à Washington a assuré mardi soir que son pays était prêt à reprendre les négociations tout en reprochant au camp américain d'avoir "changé d'avis" à plusieurs reprises.

Par ailleurs, le New York Times rapporte qu'après Huawei, le spécialiste chinois de la télésurveillance Hikvision pourrait voir ses achats de composants électroniques américains restreints par l'administration Trump.

Mais les investisseurs attendent surtout, à 18h00 GMT, la publication des "minutes" de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed, sur fond d'interrogations quant à l'opportunité d'une baisse de taux dans les mois à venir, auxquelles ni le communiqué ni la conférence de presse du 1er mai n'ont répondu.

"Au final, on a eu l'impression d'une déconnexion entre le communiqué et la conférence de presse, et les minutes du FOMC pourraient éclaircir la situation", expliquent les économistes de Société générale dans une note.

A noter que le discours de Mario Draghi lors d'un colloque à Francfort sur la politique monétaire, qu'attendaient bon nombre d'investisseurs, ne sera pas publié par la Banque centrale européenne (BCE).

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

On suivra notamment la réaction du marché à la décision d'un juge fédéral américain déclarant Qualcomm coupable d'abus de position dominante. Le titre chutait de 12% en avant-Bourse juste après l'annonce du jugement.

VALEURS EN EUROPE

En Europe, les valeurs technologiques poursuivent le rebond entamé mardi: leur indice Stoxx progresse de 0,65%, grâce entre autres au bond de 8,05% du danois Simcorp après ses trimestriels et la confirmation de ses prévisions annuelles.

Mais d'autres secteurs exposés aux tensions commerciales sont orientés à la baisse, comme l'automobile (-0,57%) ou les matières premières (-0,08%).

Dans l'actualité des résultats, le distributeur britannique Marks & Spencer chute de 7,08% après avoir fait état d'une troisième baisse consécutive de son bénéfice annuel.

A Paris, Casino (-0,36%) réagit à peine à l'annonce de perquisitions de la Commission européenne le visant dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de pratiques anticoncurrentielles.

TAUX

Les rendements à dix ans de référence, qu'il s'agisse de celui du Bund allemand, à 0,069%, ou de celui des Treasuries américains, à 2,4228%, sont pratiquement inchangés en attendant le compte rendu de la réunion de la Fed.

Les rendements britanniques, eux, reculent de près de cinq points pour le dix ans avec le retour des incertitudes sur le Brexit et après les chiffres inférieurs aux attentes de l'inflation au Royaume-Uni en avril.

L'écart de rendement à dix ans entre les gilts et le Bund est ainsi revenu à son plus bas niveau depuis six semaines, à moins de 111 points de base.

CHANGES

La perspective de nouvelles fortes turbulences politiques au Royaume-Uni après l'accueil négatif réservé aux dernières propositions en date de la Première ministre britannique, Theresa May, sur le Brexit font rechuter la livre sterling.

Cette dernière cède près de 0,5% face au dollar, au plus bas depuis la mi-janvier, comme face à l'euro. Elle se dirige ainsi vers sa 13e séance consécutive de repli contre la monnaie unique, ce qui serait du jamais vu.

"La réaction du Labour et des députés conservateurs eurosceptiques a été assez négative et l'adoption d'un accord actualisé par le Parlement semble désormais assez improbable", constate Yujiro Goto, stratège devises de Nomura.

L'"indice dollar", qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de référence, est en léger repli et l'euro se traite autour de 1,1165 dollar.

PÉTROLE

Les cours du brut reculent, pénalisés par les statistiques hebdomadaires de l'American Petroleum Institute (API) montrant une augmentation des stocks de brut aux Etats-Unis, un facteur qui s'ajoute aux inquiétudes liées aux tensions commerciales.

Le Brent s'échange sous 72 dollars le baril, le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) autour de 62,60 dollars.

Le marché attend à 14h30 GMT les chiffres de l'Energy Information Administration (EIA).

(Avec Abhinav Ramnarayan et Saikat Chatterjee à Londres, édité par Blandine Hénault)