Prudence avant l'emploi US et après les annonces sur la Corée

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes évoluent en ordre dispersé et dans des marges étroites vendredi à mi-séance et Wall Street est pour l'instant annoncée stable, mais la tendance pourrait évoluer en fonction des chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis, dernier grand rendez-vous à l'agenda d'une semaine animée qui a jusqu'à présent été plutôt favorable aux actions.

À Paris, le CAC 40 gagne 0,04% à 5.256,35 points vers 11h45 GMT. À Francfort, le Dax cède 0,37% mais à Londres, le FTSE 100 est pratiquement inchangé. L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est stable, l'EuroStoxx 50 de la zone euro abandonne 0,1% et le Stoxx 600 enregistre un gain symbolique de 0,06%.

Le Stoxx affiche sur l'ensemble de la semaine une hausse de près de 2,7% et le CAC une progression de près de 2,4%.

A Wall Street, le Standard & Poor's 500 a gagné 1,77% en quatre séances et les contrats à terme sur les principaux indices américains préfigurent pour l'instant une ouverture inchangée.

La prudence s'impose en effet avant la publication du rapport mensuel du département du Travail américain, dont l'édition de février avait déclenché un repli marqué des Bourses mondiales en raison d'une hausse plus marquée qu'attendu des salaires, qui avait alimenté les spéculations sur le resserrement de la politique monétaire de la Fed.

"Tout le monde scrutera de près l'évolution du salaire horaire moyen, qui pourrait encore provoquer, comme au début du mois de février, de nouvelles sueurs froides aux investisseurs en cas de hausse soutenue", prévient Saxo Banque. "Un tel scénario validerait les craintes formulées par les investisseurs d'un bond de l'inflation outre-Atlantique qui forcerait la Fed à accélérer la normalisation de sa politique monétaire."

Pour février, le consensus Reuters table sur une hausse de 0,2% sur un mois et de 2,8% sur un an du salaire horaire moyen, après une progression de 0,3% et 2,9% annoncée pour janvier. Les créations d'emplois, elles, sont attendues stables, à 200.000.

Sur le marché obligataire, le rendement à dix ans américain est en légère hausse à 2,88%. Son équivalent allemand s'affiche à 0,646%.

DÉTENTE SUR LA CORÉE, RÉACTIONS MESURÉES SUR LE COMMERCE

Sur le front géopolitique, la détente soudaine et inattendue sur le dossier de la Corée du Nord, qui pourrait se traduire par une rencontre inédite entre le président américain et le dirigeant de Pyongyang, a pour principale conséquence une baisse marquée du yen.

La devise japonaise pâtit aussi du maintien par la Banque du Japon de sa politique monétaire ultra-accommodante et des déclarations de ses dirigeants qui excluent toute sortie précoce de la stratégie actuelle. Elle cède 0,56% face au dollar et 0,47% face à l'euro.

Le billet vert affiche une hausse symbolique face à un panier de devises de référence après un bond de 0,6% jeudi et l'euro revient sous 1,23 dollar, amplifiant le recul entamé jeudi après la conférence de presse de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), qui n'a pas modifié les anticipations en matière d'évolution de la politique de l'institution.

Autre grand sujet de préoccupation des investisseurs: les tensions commerciales. L'annonce jeudi par Donald Trump de l'entrée en vigueur dans deux semaines de nouveaux droits de douane sur l'acier et l'aluminium importés n'a guère surpris les marchés mais pèse de nouveau sur les secteurs les plus exposés, comme l'automobile, dont l'indice Stoxx européen cède 0,66%.

A Paris, Valeo (-1,83%) accuse le repli le plus marqué du CAC 40 et le sidérurgiste ArcelorMittal cède 1,15%.

Les réactions à la décision de Washington restent pour l'instant mesurées. L'Union européenne a annoncé son intention de porter le dossier devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC). De son côté, le gouvernement français réunira lundi à Bruxelles les industriels touchés, a annoncé le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, en évoquant la possibilité d'une réplique "collective" de l'Union européenne.

La baisse la plus marquante de la cote parisienne revient toutefois à Lagardère, qui chute de 7,86%, au plus bas depuis novembre 2016, après des résultats annuels jugés décevants.

Spie (-6,64%) est également sanctionné après la publication de ses résultats annuels et l'annonce d'une prévisions de marge inférieure aux attentes pour 2018.

Le marché pétrolier profite de l'optimisme suscité par les annonces sur la Corée du Nord: le Brent prend plus de 1% à 64,27 dollars le baril et le brut léger américain (WTI) remonte à plus de 60,60 dollars.

(Edité par Blandine Hénault)