Protection de la « haute mer » : qu’est-ce que ce traité que s’apprêtent à signer plusieurs dizaines de pays ?
ENVIRONNEMENT - L’heure de vérité pour la planète bleue. Y aura-t-il suffisamment d’États pour signer le traité historique de l’ONU sur la protection de la haute mer et lui permettre d’entrer en vigueur ? C’est la préoccupation des ONG alors que le texte est officiellement ouvert à la signature ce mercredi 20 septembre, en marge de l’assemblée générale de l’ONU réunie à New York.
Après 15 années de discussions, cet accord historique avait été trouvé, non sans émotion, lors d’ultimes négociations en mars dernier, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous :
Les instances onusiennes affichent leur confiance, estimant que le seuil des 60 pays signataires – permettant au texte de devenir juridiquement contraignant 120 jours plus tard – sera atteint dès ce mercredi. Mais les associations environnementales maintiennent la pression. « La course aux ratifications commence et nous appelons les pays à être ambitieux, à ratifier le traité pour s’assurer qu’il entre en vigueur en 2025 », au moment de la prochaine Conférence des Nations unies sur l’océan en France, a déclaré Mads Christensen, patron par intérim de Greenpeace International.
Premiers paraphes
Les États fédérés de Micronésie ont été les premiers à franchir le pas, a salué l’ONG High Seas Alliance ce mercredi après-midi, rapidement imités par 23 autres – dont la France, les Etats-Unis et plusieurs États membre de l’UE, comme vous pouvez le voir ci-dessous :
As the historic #HighSeasTreaty opens to @UN Member States for signatures, 23 Heads of State & Ministers symbolically 🖊️ their commitment to ratifying the #BBNJ Agreement at the celebratory event: High Ambition for the #HighSeas.
🇧🇪🇲🇨🇪🇸🇨🇱🇨🇷🇪🇪🇯🇲🇳🇴🇵🇹🇫🇷🇩🇪🇮🇪🇳🇬🇵🇼🇵🇦🇵🇭🇸🇱🇦🇪🇲🇹🇺🇸🇩🇰🇳🇿🇪🇺 pic.twitter.com/KWImuDI70b— High Seas Alliance (@HighSeasAllianc) September 20, 2023
Heureuse d’avoir signé l’accord #BBNJ pour protéger la biodiversité en haute mer !
Félicitations à toutes celles et ceux qui ont permis l'aboutissement de ce long processus essentiel pour la protection de la 🌍 pic.twitter.com/CkDkZzbkEp— Catherine Colonna (@MinColonna) September 20, 2023
Mais que prévoit exactement ce traité ? « C’est le début d’un nouveau chapitre lors duquel la communauté internationale devra prendre des actions audacieuses » pour s’assurer que « les réservoirs de biodiversité marine continuent à assurer la santé des océans et des communautés à travers le monde qui en dépendent », a déclaré à l’AFP Nichola Clark, de l’ONG Pew Charitable Trusts.
Première avancée notable : ce nouveau traité va permettre la création d’aires marines protégées en haute mer. Concrètement il s’agit de définir ces zones dans les eaux internationales qui s’étendent au-delà des zones économiques exclusives (ZEE) des États, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes. Actuellement, ces eaux ne sont sous la juridiction d’aucun État.
Même si elle représente près de la moitié de la planète et plus de 60 % des océans, la haute mer a longtemps été ignorée dans le combat environnemental, au profit des zones côtières et de quelques espèces emblématiques. Ainsi, aujourd’hui, environ 1 % seulement de la haute mer fait l’objet de mesures de conservation. Mais fait nouveau : en décembre à Montréal, l’ensemble des États de la planète s’est engagé lors de la COP15 sur la biodiversité à protéger, d’ici 2030, 30 % des terres et des océans de la planète.
Un enjeu crucial pour le climat et la biodiversité
Deuxième élément du nouveau traité, le texte introduit également l’obligation de réaliser des études d’impact sur l’environnement des activités envisagées en haute mer. La science a en effet prouvé l’importance de protéger tout entier l’océan, foisonnant d’une biodiversité souvent microscopique qui fournit la moitié de l’oxygène que nous respirons et limite le réchauffement climatique en absorbant une partie importante du CO2 émis par les activités humaines.
Pour le moment le texte ne liste pas les activités concernées. Celle-ci pourrait aller de la pêche à l’exploitation minière du plancher océanique, en passant par le transport maritime ou les potentielles activités controversées de géo-ingénierie.
Enfin, dernier point essentiel : ce traité établit le principe du partage des bénéfices des ressources marines génétiques collectées en haute mer. Un point qui a cristallisé les tensions jusqu’à la dernière minute des négociations. Ces ressources sont prisées des entreprises pharmaceutiques ou cosmétiques qui espèrent en tirer des molécules miracles. Dans la même idée, le texte prévoit un meilleur partage des technologies marines entre pays du Nord et du Sud.
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