Les propos de Sophie Pétronin sur ses ravisseurs suscitent la colère des militaires

Le général François Lecointre, chef d'état-major des armées - AFP
Le général François Lecointre, chef d'état-major des armées - AFP

Une semaine après la libération de Sophie Pétronin, détenue pendant quatre ans au Mali par les jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), les militaires français ont souhaité défendre le rôle qui est le leur dans la région, en réaction à certains propos qu'a pus tenir l'humanitaire française. Une défense qui a été incarnée par le général Lecointre, chef d'État-Major des armées.

Auditionné mercredi au Sénat sur le budget 2021, ce dernier a souhaité revenir sur des "propos qui ont été tenus au moment de la libération de Madame Petronin" et qui, "[lui] semble-t-il, risquent de fausser l’appréciation qu’on doit avoir de la situation au Mali et l’engagement des armées françaises".

"L'adversaire qui est le nôtre n'est pas un groupe armé comme un autre, qui serait un groupe armé d’opposition au régime malien. Il s’agit bien d’une organisation terroriste internationale. Et il s'agit pour la partie de cette organisation qui sévit au Mali d'un groupe terroriste qui a fait allégeance à Al-Qaida. Leur objectif contrevient directement à la sécurité des Français à l'étranger et sur le territoire national", a-t-il souligné en visioconférence au palais du Luxembourg, dans une vidéo disponible sur Public Sénat.

Des propos qu'il a également tenus jeudi devant l'Assemblée nationale et qui font écho à ceux de l'ex-otage française. Dans un entretien sur RFI, cette dernière a, en effet, refusé de qualifier ses ravisseurs de "jihadistes", préférant l'expression "groupes d'opposition armée au régime [malien]".

"Pourquoi vous les appelez jihadistes, parce qu’ils font le jihad? Vous savez ce que ça veut dire en français: 'jihad', c’est 'guerre'. [...] Si vous avez un groupe de militaires, et que certains se font prendre, vous allez tout faire pour les faire libérer que vous soyez l’armée française, l’armée congolaise ou l’armée malienne ou l’armée américaine, vous allez tout faire pour les faire libérer. Ce qui est logique", a-t-elle ajouté.

La France pas impliquée "dans des négociations"

Le général Lecointre, qui a assuré, selon Le Monde, que ces propos ont suscité de "l'incompréhension ou de l'indignation" de la part des militaires français, a également récusé l'emploi du terme "militaires" pour désigner les ravisseurs de Sophie Pétronin.

"On ne peut pas appeler ces personnes des militaires et imaginer qu'ils peuvent être comparés aux militaires français. Les militaires français sont les soldats d'une armée régulière qui se battent dans le respect du droit international, dans le respect du droit de la guerre, en maîtrisant leur violence et guider en permanence, au-delà de la mission qu'ils ont reçu, d'une éthique particulièrement exigeante", a-t-il affirmé.

Les soldats français "n'auraient jamais l'idée pour obtenir la libération de prisonniers français par un ennemi quelconque de faire des otages dans la population civile", a-t-il encore ajouté.

Pour lui, "le message doit être clair pour l'ensemble des familles qui ont perdu des leurs dans l’ensemble des combats que nous menons au Mali", à savoir que l'armée française ne va pas dévier de sa ligne, que la combat "reste le même" et "qu'il est tout aussi légitime qu'il l'était".

Article original publié sur BFMTV.com