Projet d'attentat: deux jihadistes qui visaient un meeting de Marine Le Pen jugés à partir de ce jeudi
Selon l'accusation, Clément Baur et Mahiedine Merabet préparaient un véritable "carnage". Eux parlent de "coup d'éclat" visant à seulement faire des "dégâts matériels". Les deux hommes comparaissent à partir de ce jeudi et pendant un mois devant la cour d'assises spéciale de Paris pour avoir projeté un attentat terroriste pendant la campagne présidentielle de 2017.
Clément Baur, converti à l'islam à l'âge de 14 ou 15 ans au contact de la communauté tchétchène à Nice où il réside avec sa mère, et Mahiedine Merabet, un délinquant multirécidiviste de Roubaix, sont arrêtés au dernier moment le 17 avril 2017. Deux jours plus tard se tenait un meeting de la candidate Marine Le Pen à Marseille. L'une des cibles repérées par les deux hommes.
Arsenal de guerre
Depuis la vague d'attentats de 2015, l'antiterrorisme français s'appuie sur la cyberinfiltration. Le 12 avril, un agent cyberinfiltré dans les réseaux jihadistes est destinataire d'une vidéo montrant des dizaines de munitions disposées sur une table de manière à écrire "la loi du talion", au côté d'un fusil mitrailleur, d'un drapeau de l'Etat islamique et la Une du Monde du 16 mars 2017 avec une photo du candidat François Fillon, suivie d'un montage d'enfants victimes de bombardements en Syrie.
Six jours plus tard, Mahiedine Merabet et Clément Baur sont interpellés près de l'appartement "d'étudiant" qu'ils louent à Marseille. La perquisition permet de saisir un arsenal important: le fusil mitrailleur Uzi, trois pistolets de calibre 7,65 mm, des centaines de munitions et un sac de boulons. 3,5 kilos de TATP, un puissant explosif utilisé lors des attaques terroristes du 13-Novembre, sont aussi découverts.
"Il y avait des armes lourdes, des explosifs dotés d’une capacité meurtrière énorme, il y avait des armes prêtes à l’emploi et tout était rassemblé pour commettre un attentat. Et un attentat aux conséquences certainement gravissimes", estime Me Claire Josserand-Schmidt, avocate de l'Association Française des Victimes du Terrorisme.
Le meeting de Marine Le Pen visé
Les deux hommes avaient réalisé de nombreuses recherches internet sur de potentielles cibles: clubs libertins, bars, restaurants cacher mais aussi le meeting de Marine Le Pen qui devait se tenir à Marseille le 19 avril 2017. Au cours de l'instruction, les deux hommes ont contesté un projet d'attentat meurtrier. Ils disent avoir voulu faire un "coup d'éclat médiatique" en faisant exploser une grenade artisanale sans viser de civils.
Pourtant le parcours de Clément Baur intrigue. Se faisant passer pour un réfugié tchétchène à l'âge de 17 ans pour demander l'asile en Belgique, puis en France et en Allemagne, il entre dans la clandestinité en 2016 après avoir rencontré Mahiedine Merabet en prison en 2015 pour des faits de droit commun.
Les enquêteurs sont eux convaincus qu'au cours de son parcours, il a fréquenté la cellule terroriste de Verviers en Belgique, celle d'Abdelhamid Abaaoud, le chef opérationnel des commandos du 13-Novembre, et qu'il fut en contact en Allemagne avec Anis Amri, l'auteur de l'attentat au camion sur le marché de Noël de Berlin en 2016 qui a fait 12 morts.