Le programme de Trump (et celui de Harris) pour l’économie, l’immigration, l’avortement, le climat et la diplomatie
ÉTATS-UNIS - Tout les opposait. Les Américains ont donc fait un choix en toute connaissance de cause lors de l’élection présidentielle qui semble basculer ce mercredi 6 novembre dans le camp de Donald Trump et non dans celui de Kamala Harris.
En direct : la carte des premiers résultats de l’élection américaine entre Harris et Trump
Quatre ans après avoir quitté la Maison Blanche, le milliardaire républicain s’apprête donc à reprendre sa politique, libérale, conservatrice, climatosceptique et anti-immigration. D’autant qu’avec la victoire annoncée de son camp au Sénat, il aura les coudées franches pour mettre en œuvre son programme, plus radical encore que celui qui lui avait permis de battre Hillary Clinton en 2016.
Économie
Après trois années de forte inflation, le pouvoir d’achat était un sujet de préoccupation majeur pour de nombreux Américains, peut-être même le dossier clé de cette élection. Comme président de 2016 à 2020, Donald Trump avait comme président réduit le taux d’imposition des plus riches et des entreprises. Il a promis, cette fois, des droits de douane de « plus de 10 % » sur toutes les importations, ce qui lui permettra de financer une large baisse d’impôts. Le candidat républicain s’est aussi engagé à faire des États-Unis « la capitale mondiale des cryptomonnaies ». Le bitcoin a d’ailleurs battu son record au cours de la nuit, à plus de 75 000 dollars.
De son côté, la démocrate Kamala Harris se présentait comme la candidate des classes moyennes ; elle disait vouloir créer une « économie des possibles ». Si elle a repris certains engagements de Joe Biden sur la taxation des grandes fortunes, elle les a tempérés. Elle avait promis un crédit d’impôt à la naissance, une aide à l’accession à la propriété immobilière et un coup de pouce à la création d’entreprise.
Immigration
Pour Donald Trump, la question de la frontière est le « sujet numéro 1 ». Ça a été aussi le plus sensible de la campagne puisque sous la présidence Biden, le pays a connu un pic d’entrées illégales. Le républicain, qui avait fait campagne en 2016 en promettant de construire un mur le long de la frontière mexicaine, est allé beaucoup plus loin cette fois-ci promettant la plus grosse opération d’expulsion de migrants clandestins de l’histoire des États-Unis. « Une invasion », « des hordes », « ils empoisonnent le sang de l’Amérique »… sa rhétorique xénophobe et déshumanisante sur les migrants est revenu en boucle dans ses discours.
De son côté, Kamala Harris, sur la défensive sur ce sujet, a expliqué qu’elle aurait une politique de fermeté, en estimant qu’il fallait des « conséquences » pour les personnes entrant de manière illégale. Elle a soutenu un projet de net durcissement de la politique migratoire de Joe Biden, prévoyant notamment d’investir dans des barrières physiques.
Avortement
Il s’agissait de la première présidentielle depuis que la Cour suprême, remaniée par Donald Trump, est revenue sur la protection fédérale de l’avortement en révoquant en juin 2022 l’arrêt Roe v. Wade. Depuis au moins 20 États ont mis en place des restrictions partielles ou totales à l’interruption volontaire de grossesse.
Sur cette question, Donald Trump a clairement louvoyé. Il se dit fier d’avoir remis entre les mains des États cette question grâce à la décision de la Cour suprême mais a déclaré que certains « étaient allés trop loin ». Il a promis que son administration serait « formidable pour les femmes » mais certains craignent, après des propos ambigus de sa part, qu’il utilise son pouvoir présidentiel pour limiter l’accès aux médicaments utilisés dans les avortements médicamenteux.
Aux avant-postes sur cette question, Kamala Harris en a, au contraire, fait un élément central de sa vice-présidence et de sa campagne. Elle tenait son rival pour responsable de la situation actuelle qu’elle décrit comme « horrible et déchirante ». Elle veut une loi fédérale, qui reprendrait les dispositions de l’arrêt Roe v. Wade.
Politique étrangère
Avec une campagne qui s’est déroulée alors que les guerres au Proche-Orient et en Ukraine font rage, les positions de deux candidats sont scrutées à la loupe par certains groupes d’électeurs. Donald Trump qui estime que l’Amérique n’a jamais été aussi peu respectée dans le monde, ne cesse de dire qu’il réglerait les conflits sans attendre. S’il a dit qu’avec lui, la guerre en Ukraine serait réglée en 24 heures, il n’a jamais expliqué comment. Surtout, il a dénoncé les montants faramineux débloqués par Washington pour Kiev depuis 2022, laissant entendre qu’il arrêtera de la financer.
À l’inverse, Kamala Harris avait promis qu’elle se tiendrait « fermement aux côtés de l’Ukraine » et ne ferait pas « ami-ami avec les dictateurs ».
Concernant la situation au Proche-Orient, les deux candidats avaient apporté leur appui à Israël qui a le « droit de se défendre » ; seule la démocrate avait cependant tenté de balancer son discours insistant aussi sur la souffrance des Palestiniens.
Climat
Les États-Unis sont le deuxième plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre, derrière la Chine, mais le sujet n’a que peu été abordé par les candidats, qui ont des vues diamétralement opposées. Le climatosceptique Donald Trump a promis de revenir sur les subventions aux énergies renouvelables et aux véhicules électriques. L’ancien président a également prévu de « forer à tout va » et de sortir à nouveau de l’Accord de Paris.
Kamala Harris s’était engagée à « poursuivre et développer le leadership international des États-Unis sur le climat ». Vice-présidente, elle avait soutenu le grand plan de transition énergétique de Joe Biden, le « Inflation Reduction Act ». Et tant que sénatrice de Californie, elle avait soutenu le « Green New Deal », résolution appelant à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre.
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