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Profession chercheur d'or au Surinam

C’est un officier des douanes qui a le premier adressé la parole au garimpeiro [chercheur d’or brésilien] José da Silva Arouche lorsque celui-ci est arrivé au Surinam. Cela se passait à l’aéroport de Paramaribo, la capitale du pays. Le douanier, le visage renfrogné, portait l’uniforme. Il a commencé à lui poser toute une série de questions en taki taki, la langue locale. “Pe yu wan go tan in Sranan ? You havi wan tampe ? Sortu wroko yu wan fu du ?” Ce qui pourrait être traduit par : “Où comptez-vous habiter au Surinam ? Quelle est votre adresse permanente ? Que venez-vous faire ?”
Ce mélange de mots anglais, néerlandais et africains a affolé José Arouche. Il a demandé l’aide d’un autre Brésilien pour pouvoir répondre aux questions. Il a ensuite déclaré qu’il avait l’intention de passer une année à chercher de l’or dans l’intérieur du pays. Même avec l’aide du traducteur, il a eu des difficultés à expliquer où il devait vivre. “On m’a simplement dit de m’adresser au bar Bigode. Je ne savais pas comment leur expliquer ça dans cette langue”, raconte-t-il.
Le lendemain, le Brésilien est arrivé assez inquiet dans le garimpo [la mine] d’Afobaká, dans le nord-est du pays. Il venait de traverser plus de 200 km de forêt vierge. Des hommes rencontrés dans un bar lui avaient indiqué son chemin. En fait, les Brésiliens déjà présents dans le pays organisent un véritable réseau d’entraide pour les nouveaux garimpeiros comme José Arouche. Au Surinam, il en arrive tous les jours. Ils sont à la recherche de l’Eldorado, qu’ils espèrent découvrir au beau milieu de la forêt.
Tous rêvent de faire fortune. Même si la prospérité doit ressembler à l’éclat du sourire de Francisco Sá [voir photo] ! Originaire de l’Etat du Pará, Francisco Sá exhibe avec orgueil quatre dents et un plombage en or. A son poignet, une Rolex. “Il parait que c’est une vraie. Je l’ai payée 1 500 dollars [11 400 FF]”, raconte-t-il. Pour cet homme qui, en trois années, est passé du statut d’employé à celui de propriétaire de garimpo surinamais, les montres et les plombages en or sont des symboles de réussite.
Francisco Sá peut gagner jusqu’à 2 000 dollars par semaine [15 200 FF]. Deux fois par mois, il met une chemise en soie et quitte la forêt : il se rend à Paramaribo, à la recherche de quelques distractions. Son adresse préférée est La Praia de Porto Belo, qui n’a rien à voir avec une plage [praia en portugais]. C’est en fait un bar entouré de piscines. C’est là que les Brésiliens viennent se détendre, même si cela leur revient très cher. Une bouteille de bière brésilienne coûte par exemple l’équivalent de 6 reais [24 FF]. Pendant que, dans un coin, on danse au son de la pagode et de la musique axé, d’autres clients regardent un match de football brésilien capté grâce à des antennes paraboliques.

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