Publicité

Le professeur décapité "a été respectueux", estime le recteur de la mosquée de Lyon

Pour le dignitaire musulman, les réseaux sociaux sont pour une grande part dans la polémique sur l'enseignement du professeur qui a précédé son meurtre.

L'enseignant décapité à Conflans-Sainte-Honorine après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression a "fait son travail" et a été "respectueux", a estimé ce dimanche le recteur de la Grande mosquée de Lyon.

"Le professeur a fait son travail", a souligné Kamel Kabtane dans un entretien par téléphone. "Il était en droit d'élever le niveau intellectuel sur la tolérance et la liberté d'expression. Il a été respectueux et il a même proposé aux élèves qui pourraient se sentir choqués de sortir. Il a voulu parler sans vexer, sans blesser", a insisté Kamel Kabtane.

"En France, la liberté d'expression existe et il faut qu'elle existe", a ajouté le recteur, pour qui le ou les auteurs des faits ont prouvé par leurs actes qu'ils ne sont "pas religieux".

"Je n'incrimine pas l'islam"

"Je n'incrimine pas l'islam, qui est une religion de la paix et de la tolérance. L'auteur des faits est un illuminé. Ces terroristes n'ont rien de religieux. Ils se réclament du prophète alors que le Coran dit : celui qui a tué un homme, c'est l'humanité toute entière qu'il a tuée. Le prophète n'a pas besoin de ces gens-là. La religion est indemne. Ces terroristes ne sont pas des religieux, mais utilisent la religion pour prendre le pouvoir", dit-il.

Pour le dignitaire musulman, les réseaux sociaux sont pour une grande part dans la polémique sur l'enseignement du professeur qui a précédé son meurtre.

"Les réseaux sociaux grandissent à la loupe ce qui se passe et donnent une vision déformée. On a manipulé l'enseignement de ce professeur pour en faire quelque chose qui mériterait la mort. Cette situation a tendance à s'amplifier. Les gens ne se parlent que par réseaux sociaux, par invectives", a regretté le recteur, disant dorénavant craindre pour ses coreligionnaires.

Inquiétude de la communauté musulmane

"La communauté musulmane est en première ligne. L'ensemble des musulmans se regarde en disant: qu'a-t-on pu faire pour en arriver là? La communauté est inquiète, pour sa sécurité et pour l'image qu'elle renvoie. Quelle va être la suite? L'opinion va sûrement se saisir de cette situation pour la mettre à l'index et cela a déjà commencé", a-t-il déclaré. "Il y a une minorité et c'est elle qu'on écoute le plus alors qu'on n'écoute pas la majorité", selon Kamel Kabtane, qui est également président du Conseil des mosquées du Rhône.

A la suite d'une réunion, dimanche, le Conseil a appelé ses imams à "profiter des prêches du vendredi pour rappeler aux fidèles que la France est notre communauté de destin et les appeler à s'engager encore plus dans la voie du vivre-ensemble, respectueux et fraternel".

"Nous sommes engagés à renforcer l'étude des fondements idéologiques de la pensée extrémiste et le combat contre ceux qui l'alimentent, la nourrissent et la financent", a assuré le Conseil dans un communiqué.

Article original publié sur BFMTV.com

Ce contenu peut également vous intéresser :