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Le prof en liberté – Arrêtez avec votre « bonne dégustation »

Le Pr Fabrizio Bucella est physicien, docteur en sciences. Il enseigne à l'Université libre de Bruxelles. Sommelier et zythologue (spécialiste de la bière), il dirige l'école d'œnologie Inter Wine & Dine.  - Credit:Dr
Le Pr Fabrizio Bucella est physicien, docteur en sciences. Il enseigne à l'Université libre de Bruxelles. Sommelier et zythologue (spécialiste de la bière), il dirige l'école d'œnologie Inter Wine & Dine. - Credit:Dr

Y en a marre. Que cela soit dit. Quand on reçoit un plat au restaurant, on vous lance « bonne dégustation ». Diable ! Manger serait-il devenu une si vilaine chose ? Faut-il tout transformer, même dans les termes ? Le « menu dégustation » apparaît en 1977, mais, à l'époque, on souhaitait encore bon appétit avant ladite dégustation. Déguster signifie littéralement atteindre légèrement, effleurer. On finasse, on ne se nourrit point. Alain Rey, le monsieur du Robert, signale qu'à la fin du XXsiècle le « bonne dégustation » remplace prétentieusement le classique « bon appétit ». Tout est dit, merci monsieur Dico.

Il faut bien avouer que, dans certaines gargotes, la grosseur du plat est inversement proportionnelle à la longueur de la description. Je me souviendrai toujours de la tête du serveur ébahi. Elle a valu le détour. Le pauvre nous pose un dé à coudre accompagné d'une tirade digne de Shakespeare. Il n'a pas encore terminé que c'est terminé. Toute la table a avalé… « Et la suite ? »

À LIRE AUSSILe prof en liberté #42 – En finir avec les plats « revisités »Le « bonne dégustation » masque l'acte même de manger. Manger, c'est sale, c'est vulgaire, c'est commun. On déguste, nous, on ne se nourrit point. On savoure. On se délecte. Ce n'est pas le festin gaulois, mon bon monsieur, ma bonne petite dame. Les bâfreurs de sangliers, c'est dehors. Ici, on apprécie.

Complètement siphonnés !

Mes parents nous emmenaient une fois par an au restaurant, à la fin de l'année s [...] Lire la suite