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Le prof en liberté #19 – Romanée-conti avec chats flanqués de rats

Fabrizio Bucella
Fabrizio Bucella

Avec la fermeture des bars, puis des restaurants et des bars, puis des bars tout seuls, le confinement touche à l'alimentaire et au bibitif. Barricader les gargotes, voilà une idée qui prend aux tripes, si l'on peut dire. Ne plaisantez pas avec la cuisine. La bouffe, la bonne bouffe, c'est beaucoup plus important que vous ne le croyez. Les deux dernières phrases sont de Siniac, auteur fétiche de l'auteur de ces lignes.

La cessation des bars parisiens rappelle le confinement. Si on a sévèrement confiné, ce fut en 1870, juste après la défaite de Sedan. Les Prussiens posaient leurs valises à Versailles et aucune valise ne sortait plus de Paris. Profitant du palais et de la galerie des Glaces, ils proclamèrent l'Empire allemand, soit le IIe Reich, et voilà que je t'humilie. Paris, ville assiégée, martyrisée, outragée, résista courageusement. Lors de ce confinement sans virus, on mangea de tout : chats, rats, chevaux? et jusqu'au sacrifice des animaux du Jardin des plantes en l'honneur d'un menu de Noël passé à la postérité.

Saveurs bestiales

La bouffe, la bonne bouffe, c'est important. Le menu du 25 décembre 1870 en est la preuve. Il reste un modèle du genre, jamais reproduit, jamais égalé, jamais dépassé. En vérité, il serait interdit de zigouiller des bêtes sauvages pour s'amuser en cuisine, fût-ce en guise d'hommage. Voici ledit menu pour le plaisir des yeux plus que du palais peu habitué à ces saveurs bestiales :

Hors-d'?uvre : beurre, radis, tête d'âne farci [...] Lire la suite