Produire sans chimie : le vin à l'heure du réchauffement climatique

Dans le Languedoc, un vigneron met au point depuis près de trente ans une recette «à l’ancienne» avec du raisin travaillé sans intrant chimique ni arrosage.

On reconnaît ses vignes entre toutes. Quand ailleurs il ne pousse plus rien entre leurs pieds, les siennes côtoient du romarin, des fleurs, des pissenlits, de la fétuque, des trèfles… «Pour un sol équilibré, explique ce passionné, il faut dix espèces de plantes sauvages différentes sur 1 mètre carré.» Pierre Quinonero a repris en 1991 les 2 hectares de vigne de son grand-père. A la tête du petit domaine de La Garance (6 hectares), dans l’Hérault, il produit 25 000 à 28 000 bouteilles par an, en bio depuis toujours et en biodynamie depuis le tournant des années 2000. Ni intrant chimique ni arrosage dans cette terre languedocienne à 17 kilomètres de la mer et des travaux en accord avec le calendrier lunaire.

«Avec la chimie, il faut ajouter beaucoup d’engrais non naturels, dit-il. Cela stérilise les sols et les racines ne se développent plus en profondeur.» 90% de son exploitation n’avaient jamais connu de produits industriels et pour récupérer les 10% restants, il a arraché les pieds de vigne et y a ajouté du «fumier de bergerie afin d’y développer une vie microbienne». La terre a repris vie. «Le sol, c’est la base. Tout vient de là», dit-il. Quand il lui faut replanter, il le fait avec des plants sauvages –et non avec des clones de vigne comme c’est l’usage depuis les années 1970. Pour éviter le mildiou, il ramasse après la taille les sarments de vigne porteurs du champignon.

Il a sa propre chaîne d'embouteillage

Contre la cicadelle, cet insecte ravageur qu’apprécient les oiseaux, Pierre a planté des cyprès de Florence, arbres qui attirent ces derniers et les protègent des chats. Afin que son vin se garde, il met la lie dans la bouteille. Tous les six ans, il ajoute sur chaque hectare 3 tonnes de fumier de bergerie(...)


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