Procès de Pierre Palmade : "crises de panique", "plus de sensations sur trois doigts"... Que deviennent les victimes ?
21 mois après l'accident causé par l'humoriste sous l'effet de la drogue, Pierre Palmade est jugé pour blessures involontaires. Une femme de 27 ans, enceinte, avait perdu son bébé.
Pierre Palmade devant la justice, après avoir cause un accident dans laquelle une femme de 27 ans, enceinte de six mois et demi, avait perdu son bébé. Également à bord du véhicule percuté, son beau-frère, qui souffre de multiples fractures, accompagné de son fils de 6 ans, plongé dans le coma.
L'humoriste, qui venait de passer trois jours sans dormir à consommer des drogues dans sa maison de Cély-en-Bière (Seine-et-Marne), blessé lors de l'accident, était au volant de son véhicule avec deux passagers, qui ont pris la fuite lors du drame.
Pierre Palmade est jugé à partir de ce mercredi 20 novembre pour blessures involontaires par le tribunal correctionnel de Meaux. Car bien que le bébé était "indiscutablement viable" avant l'accident, selon une expertise médicale, la "jurisprudence nous explique qu'un bébé qui meurt in utero n'est rien au regard du droit. Ce n'est ni une chose, ni un être humain, ni une personne qui acquiert une personnalité juridique. Par conséquent Pierre Palmade ne peut être renvoyé pour homicide involontaire", déplorait en mai dernier Mourad Battikh, avocat des victimes. Mais comment se portent les victimes de l'accident ?
Mila, 27 ans lors du drame, a perdu son bébé à naître
Auxiliaire de vie scolaire avant l'accident, Mila n'a toujours pas repris le travail, 21 mois après l'accident. Enceinte de 6 mois et demi, elle perd son bébé à naître, une fille qui devait s'appeler Solin-Hazal. Un an après l'accident, elle racontait à RMC que la chambre de son bébé à naître l'attend toujours. Rien n'a changé depuis le drame. "Je ne me résous toujours pas à déplacer les meubles et toutes les affaires que j’avais installées en prévision de la naissance”.
Son quotidien était alors fait de ses nombreux rendez-vous médicaux, entre l'hôpital, le psychologue et le kiné. Le reste de sa journée, elle le passe à tenter de se reposer, profitant de l'effet des antidépresseurs, explique la journaliste de RMC qui l'a rencontrée. "À chaque fois que je pense aller mieux, je replonge toujours plus bas", expliquait-elle il y a neuf mois, hantée par des souvenirs de l'accident qui ressurgissent.
📢 Il y a presque 1 an, Pierre Palmade percutait une voiture de plein fouet alors qu'il était sous l'emprise de stupéfiants. À l'intérieur, Mila, 27 ans, enceinte de 6 mois, a perdu son bébé. RMC l'a rencontré. Elle n'a toujours pas retrouvé sa vie d'avant#ApollineMatin pic.twitter.com/b4dgyB8cIW
— RMC (@RMCInfo) February 9, 2024
Depuis l'accident, elle est suivi par un psychologue au moins une fois par semaine. Mais à l'approche du procès, elle a "eu un rendez-vous à l’hôpital pour mettre en place un nouveau traitement médicamenteux, plus fort, que je vais prendre jusqu’à la fin du procès pour tenir psychologiquement” explique-t-elle à RMC la veille du procès.
Après avoir longtemps souffert d'un décollement de l'omoplate, très douloureux, qui l'empêchait de marcher comme avant, “je commence à retrouver mon corps d’avant, sans être paralysée par des douleurs insoutenables”, assure-t-elle à la radio.
À la veille du procès, elle raconte à RMC ses attentes. "Le procès m'oblige à repenser à l'accident, à le revivre encore une fois. L’inquiétude, les cauchemars et les flash-backs ressurgissent automatiquement”, déplore-t-elle.
Si elle assure qu'elle sera présente à l'audience, "je ne sais pas encore si j’aurai la force de prendre la parole" confie-t-elle à RMC, et espère une chose : “que la sanction soit à la hauteur de ce que Pierre Palmade m’a fait, et des conséquences qui nous écrasent encore aujourd’hui", ajoute-t-elle.
Yuksel Yakut, 38 ans, au volant du véhicule percuté
Derrière le volant du véhicule percuté de plein fouet par le SUV conduit par Pierre Palmade, Yuksel Yakut, père de famille de 38 ans. Il passe cinq mois à l'hôpital, qui le marquent profondément, comme il le raconte à BFMTV cinq mois après l'accident.
"Tout ce que j’ai subi à l’hôpital, personne ne peut l’imaginer. Les cinq mois que j’ai passés là-bas, c’était pire que la prison. C’est la vérité. Je n'ai fait que souffrir", raconte Yuksel, qui explique alors avoir 48 vis dans le corps, et avoir une grosse cicatrice sur mon ventre, des plâtres aux bras et aux jambes, des bandages partout, (ses) deux genoux cassés, (s)es deux épaules et (s)a main gauche aussi".
Il a renoncé à reprendre le travail un jour. "Tout le monde sait que c’est impossible!", estime-t-il. "Avant, j’avais une belle vie. Maintenant, elle est catastrophique et je suis sûr qu’elle ne redeviendra jamais comme avant", déplorait Yuksel Yakut en juillet 2023.
10 jours avant le procès, il témoignait sur TF1, dans l'émission Sept à huit. "Les médecins m'ont dit que j'aurai des séquelles", explique-t-il, avant d'ajouter n'avoir "plus de sensations sur trois doigts". J'ai des douleurs tellement intenses que je suis épuisé et que j'ai l'impression que mon cerveau va exploser", assure-t-il encore, expliquant que quand il marche "les plaques que j'ai dans les jambes me font beaucoup souffrir. Même pour faire ma toilette et pour marcher, je dois demander de l'aide à mes proches", décrit-il.
"Il a transformé notre vie en enfer, assure Yuksel Yakut. Je ne veux qu'une seule chose : qu'il paye pour ce qu'il a fait", ajoute le père de famille, dont le garçon de six ans se trouvait sur la banquette arrière lors de la collision.
Devrim, 6 ans, sur la banquette arrière du véhicule percuté
Lors du choc, Devrim était dans son siège auto, comme le veulent les règles de sécurité routière. Mais il passe six jours dans le coma, gravement blessé à la mâchoire. Il retrouve finalement sa classe de CP un peu plus d'un mois plus tard, mais uniquement le matin. Il porte alors un corset, qui l’enveloppe des reins jusqu’à la moitié du crâne et lui permet de se maintenir droit et debout car il marche désormais sans aide.
"À la maison, il est refermé sur lui-même mais, à l’école, il se sent mieux. Il est à l’aise, avec ses copains. Il préfère aller à l’école que rester à la maison", explique un proche de la famille au Parisien, un peu plus d'un mois après l'accident.
Mais à cause de sa fracture de la mâchoire il doit prononcer des phrases très courtes, il ne peut pas mâcher ne boit que de l’eau et mange léger", ajoute ce proche du père de Devrim. En raison de ses séquelles, il doit faire de la rééducation.
Dans l'interview accordée à l'émission Sept à huit sur TF1, son père confie que son fils "ne va pas bien du tout. “Il ne veut plus sortir à cause des cicatrices qu’il a à la tête, il a mal en permanence (…) Il ne supporte plus ni le soleil, ni le froid (…) Quand il mange, ses mâchoires se fatiguent très vite”.
Yuksel raconte que son fils a dû redoubler son CE1, en raison de ses difficultés à se concentrer. À l'école, la maîtresse du petit garçon aurait décrit les “crises de panique” de l’enfant et ses difficultés à se concentrer en classe, explique son père.