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Procédure de destitution de Trump : à quoi jouent les Démocrates ?

La Chambre des représentants a voté la poursuite de la procédure d'impeachment. Donald Trump sera prochainement jugé au Sénat, à majorité républicaine. Il a donc très peu de risque d'être destitué.
La Chambre des représentants a voté la poursuite de la procédure d'impeachment. Donald Trump sera prochainement jugé au Sénat, à majorité républicaine. Il a donc très peu de risque d'être destitué.

La Chambre des représentants, à majorité démocrate, a voté pour poursuivre la procédure de destitution contre Donald Trump. Il est pourtant très peu probable que le Sénat aille dans le même sens. À qui profitera cette bataille perdue d’avance ?

La procédure de destitution à l’encontre de Donald Trump se poursuit outre-Atlantique. Ce 18 décembre, la Chambre des représentants - à majorité démocrate - s’est prononcée en faveur de l’impeachment du président américain, qu’elle met en accusation pour “abus de pouvoir” et “entrave à la bonne marche du Congrès”.

La prochaine étape - le procès - se jouera au Sénat. Cette chambre étant à majorité républicaine, il y a très peu de chance que Donald Trump soit destitué. D’autant qu’il faut une majorité des deux tiers pour condamner un président.

Pour éviter cette défaite annoncée, les démocrates de la Chambre des représentants auraient pu choisir de censurer le président plutôt que de poursuivre sur la voie de l’impeachment. Il s’agit d’une procédure qui indique que le chef d’État a mal agi, sans que cela ait d’autres conséquences. Les démocrates n’auraient ainsi pas eu besoin de l’approbation du Sénat et cela aurait déplu à Donald Trump.

Une nouvelle stratégie ?

Alors pourquoi risquer une déroute ? “Les démocrates ne pouvaient plus reculer puisqu’ils ont avancé l’argument selon lequel ils défendaient la Constitution et représentaient un intérêt supérieur”, nous détaille Jean-Éric Branaa, maître de conférence à l’université Paris 2 et auteur de Et s’il gagnait encore ?. Pour eux, Donald Trump a “voulu jouer les despotes” en se plaçant “au-dessus du Congrès”.

Mais face à un échec prévisible lors de la dernière étape de l’impeachment, les démocrates semblent tenter une nouvelle stratégie : jouer la montre. Le procès du milliardaire républicain ne s’ouvrira que lorsque la Chambre des représentants aura transmis les articles d’accusation au Sénat. Or, Nancy Pelosi, présidente de cette première, a annoncé le 18 décembre qu’elle ne les transfèrerait pas tant que les Républicains ne pouvaient garantir un procès équitable. Elle n’a d’ailleurs pas exclu de ne jamais fournir les articles d’accusation, comme le rappelle 20 Minutes. “Si les démocrates font ça, ils vont perdre beaucoup de monde en route”, commente Jean-Éric Branaa, “leur argument expliquant qu’ils font cette procédure pour défendre la Constitution perdrait en crédibilité”. Et, à l’inverse, cela conforterait Donald Trump, qui se dit “victime d’une chasse aux sorcières”.

L’élection déjà jouée ?

Si, à court terme, Donald Trump “a déjà perdu” puisque la procédure de destitution est en cours, “il a tout à gagner à moyen terme, surtout si la Chambre des représentants n’envoie pas les articles”, analyse le spécialiste. “Ça irait dans son sens, puisque selon le président, les démocrates ne veulent pas le bien du pays, mais simplement le faire tomber”, poursuit-il.

Une manoeuvre d’autant plus risquée que, dans une Amérique en partie dégoutée par une classe politique “de magouilleurs”, le milliardaire américain se présente comme différent. Les démocrates de la Chambre des représentants se mettraient donc eux même dans la position des “plus gros magouilleurs” s’ils persistaient dans cette rétention d’articles d’accusation, selon le maître de conférence.

Le Sénat peut d’ailleurs, s’il le souhaite, contrer cette stratégie en s’auto-saisissant, “mais ce serait du jamais vu”, commente Jean-Éric Branaa. “De manière générale, cette affaire est inédite en terme de coups bas”, ajoute-t-il.

Pour autant, elle ne devrait pas avoir un impact énorme sur la prochaine présidentielle de l’autre côté de l’Atlantique. “Les États-Unis sont suffisamment divisés pour que ce procès ne change rien, les citoyens sont campés sur leurs positions et la campagne est déjà actée”, estime le maître de conférence. Pour lui, “à moins qu’il y ait une guerre, les avis ne changeront pas maintenant”. Cette procédure d’impeachment ne devrait donc pas influencer les votes pour la présidentielle de l’an prochain.

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