Procès des viols de Mazan : le tribunal accède finalement à cette demande de Gisèle Pelicot
JUSTICE - C’est une victoire pour Gisèle Pelicot dans le procès des viols de Mazan. Revenant sur la décision initiale de son président, la cour criminelle de Vaucluse a décidé ce vendredi 4 octobre que les vidéos et photos diffusées lors des débats le seront désormais en présence de la presse et du public.
Cette décision, qualifiée de « victoire » par les avocats de Gisèle Pelicot, a été annoncée par le président de la cour, Roger Arata, après un débat de près de deux heures en début d’audience ce vendredi puis un délibéré de la cour de 90 minutes. La diffusion de ces images sera cependant précédée d’une « annonce permettant aux personnes sensibles et mineurs de quitter la salle », a précisé le magistrat.
« C’est une victoire, mais en réalité, c’est un combat qui n’aurait pas dû être mené parce que le droit était clair, et les débats qui ont eu lieu ce matin montrent vraiment à quel point il est essentiel que les victimes (...) restent vigilantes sur les droits qu’elles tiennent », a commenté l’un des avocats de Gisèle Pelicot.
Viols de #Mazan : la cour fait droit à la demande de Gisèle Pelicot et décide finalement d’autoriser la diffusion publique à l’audience des vidéos lorsqu’elles peuvent concourir à la manifestation de la vérité. Plusieurs avocats des accusés s’y étaient opposés. #giselepelicot pic.twitter.com/zF7HJcDMXA
— FRANÇOIS BARRERE (@FB_Midilibre) October 4, 2024
Et dès l’audience de l’après-midi, 22e journée de ce procès ouvert le 2 septembre, neuf vidéos et une poignée de photos ont donc été montrées. Toutes concernaient les sept accusés, sur les 51 jugés, dont les cas étaient examinés cette semaine.
La diffusion de ces images, soigneusement archivées par Dominique Pelicot, qui a reconnu avoir drogué son épouse Gisèle de 2011 à 2020, à son insu, afin de la violer et de la faire violer par des dizaines d’hommes qu’il avait recrutés sur internet, a pour objectif de confronter les accusés à leurs déclarations.
Une heure et demie d’images pour commencer
La plupart affirment en effet avoir cru participer au fantasme d’un couple échangiste ou ne pas s’être rendu compte de l’état d’inconscience de Gisèle Pelicot.
Pendant près d’une heure et demie, ces images ont été montrées sur les écrans d’une salle d’audience retenant son souffle, et sur ceux d’une salle annexe où une soixantaine de membres du public avaient pu prendre place.
Gisèle Pelicot, sur le banc des parties civiles, est restée la plupart du temps penchée sur son téléphone portable, tandis qu’en face d’elle, dans le box des accusés, de l’autre côté de la salle, son ex-mari se cachait les yeux d’une main ou détournait le regard.
Les autres accusés ont adopté des attitudes variées : les uns se regardant sans broncher s’affairer autour de Gisèle Pelicot, gisant sur le lit de la chambre du domicile conjugal à Mazan, d’autres préférant regarder le sol.
Depuis le début du procès, la salle des débats est réservée à la cour, aux parties et à la presse, le public étant lui dans une salle de retransmission annexe. Ces diffusions ne seront cependant « pas systématiques » et n’auront lieu que dans les cas « strictement nécessaires à la manifestation de la vérité », à la demande de l’une des parties, a ajouté Roger Arata.
« Pour Gisèle Pelicot, il est trop tard, le mal est fait »
Le 20 septembre, à l’issue de la troisième semaine de débats, le président Arata avait interdit la diffusion des images au public et à la presse : « considérant que ces images sont indécentes et choquantes, cela se fera en présence des seules parties au procès et de la cour », avait-il décidé.
Cinq jours plus tard, les avocats de Gisèle Pelicot avaient cependant à nouveau réclamé la levée de ces restrictions, au nom du combat que celle-ci mène désormais contre les violences sexuelles. Et c’est sur leurs conclusions écrites que les parties ont longuement débattu devant la cour ce vendredi matin.
Gisèle Pelicot s’était opposée au huis clos dès l’ouverture des débats il y a un mois. Et la cour s’était initialement prononcée pour des débats totalement publics, jusqu’à la décision du 20 septembre.
« Pour Gisèle Pelicot, il est trop tard, le mal est fait », a argumenté ce vendredi un de ses conseils, Me Stéphane Babonneau. « Mais si ces mêmes débats, par leur publicité, permettent d’éviter que d’autres femmes aient à en passer par là, alors elle trouvera un sens à sa souffrance ».
Plusieurs avocats des 50 coaccusés à ce procès hors norme se sont en revanche farouchement opposés à la présence du public et de la presse pendant la diffusion des vidéos. « La justice n’a pas besoin de ça pour passer, à quoi bon ces projections nauséabondes ? On a eu droit à une projection sur un premier cas. Un film n’a pas suffi ? », a ainsi plaidé Me Olivier Lantelme, sans succès donc.
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