Procès des viols de Mazan : pourquoi la principale victime ne souhaitait pas de huis clos
Gisèle P., droguée par son mari qui a permis à des inconnus de la violer pendant 10 ans, ne voulait rien « cacher » de l’horreur qu’elle a vécue.
JUSTICE - « Les débats seront publics. » Voici ce qu’a annoncé le président de la cour criminelle de Vaucluse ce lundi 2 septembre, alors que s’est ouvert en Avignon le procès de Dominique P., retraité accusé d’avoir drogué son épouse et recruté des dizaines d’inconnus pour la violer, pendant dix ans, dans leur pavillon de Mazan. Le procès se tiendra en public, la demande de huis clos, formulée notamment par l’accusation, ayant été rejetée.
Via l’un de ses avocats, la principale victime, Gisèle P., 72 ans, cheveux roux coupés au carré, avait au contraire fait savoir qu’elle souhaitait « une publicité complète, totale, jusqu’au bout ». Comme elle, les trois enfants du couple, tous parties civiles, ont également souhaité la publicité des audiences.
« Ma cliente souhaite que ce qu’elle a vécu se sache »
Comme il en est de droit lors des procès pour de violences sexuelles, Gisèle P. aurait pu demander le huis clos afin que le public et les journalistes n’assistent pas aux débats.
Mais la sexagénaire a voulu l’inverse, ne souhaitant pas « épargner » ses agresseurs. « Ma cliente souhaite que ce qu’elle a vécu se sache. Elle n’a pas à se cacher, que ce qu’elle a vécu dans sa plénitude soit exposée », a explicité l’un de ses avocats, Me Stéphane Babonneau, rapporte la journaliste de RMC couvrant le procès.
« Ma cliente souhaite que ce qu’elle a vécu se sache elle n’a pas à se cacher, que ce qu’elle a vécu dans sa plénitude soit exposée. » reprend l’avocat de la victime Me Babonneau @RMCInfo #viols #Mazan
— Marion Dubreuil (@MarionDub) September 2, 2024
« Qu’on le veuille ou non ce procès dépassent les limites de cette enceinte. Et le huis clos c’est aussi demander à ma cliente de s’enfermer avec ceux qui l’ont agressée », a-t-il ajouté.
Un autre de ses avocats, Me Antoine Camus a renchéri : « Les violences sexuelles dans ce pays s’honorent du silence. Alors ici pas de silence, et publicité totale des débats comme le demandent les parties civiles. »
Une publicité des débats « dangereuse », selon l’avocat général
Le ministère public avait, de son côté, fait valoir des arguments en faveur du huis clos. Notamment en rappelant que des vidéos des faits, tournées par le mari, seraient « nécessairement visionnées » et que « non seulement la publicité des débats serait dangereuse mais (elle) porterait aussi atteinte à la dignité des personnes ». « Il ne faut pas que ce soit un spectacle », avaient également demandé certains avocats de la défense. Sans convaincre les juges donc.
Le procureur a requis un procès à huis clos. C’est le cas aussi de plusieurs avocats de la défense qui craignent que ce procès ne devienne un « spectacle » notamment avec la diffusion de vidéos. « La justice ne s’honore d’aucun déballage du malheur »
— Marie Belot (@mclbel) September 2, 2024
Le procès, rarissime par le nombre total d’accusés, 51, âgés de 26 à 74 ans, va désormais se dérouler en présence du public et de la presse, pendant quatre mois, jusqu’au 20 décembre.
Emblématique de la question de la soumission chimique, ce procès a donné lieu avant même son ouverture à la manifestation d’une quinzaine de membres de deux collectifs féministes, « Les Amazones d’Avignon » et « Osez le féminisme 84 », devant le palais de Justice d’Avignon. « Violeurs, on vous voit, victimes, on vous croit », scandaient-elles, habillées de noir.
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