Procès des viols de Mazan : la lecture des faits, véritable épreuve pour la famille et le public présent à l’audience

Lors du deuxième jour d’audience du procès des viols de Mazan, c’est une véritable épreuve qui attendait la famille de la victime.
CHRISTOPHE SIMON / AFP Lors du deuxième jour d’audience du procès des viols de Mazan, c’est une véritable épreuve qui attendait la famille de la victime.

JUSTICE - Une journée pas comme les autres. Au lendemain de l’ouverture du procès des viols de Mazan, c’est un long et cru résumé des faits qui a été présenté à l’audience de la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon. Une effroyable épreuve pour le public, mais surtout pour la famille de la principale victime, Gisèle.

La soumission chimique au cœur du procès de 51 hommes accusés d’avoir violé une femme droguée par son mari

Le président de la cour Roger Arata avait en effet la lourde tache de lire le rapport des faits ce mardi 3 septembre, au deuxième jour d’audience de cette affaire où le mari de Gisèle P. est accusé d’avoir drogué sa femme (le couple est en instance de divorce depuis la révélation des faits) pendant plus de dix ans, permettant ainsi à des dizaines d’inconnus recrutés sur internet de la violer à son domicile.

Lecture insoutenable

Si la victime qui tenait absolument à l’absence de huis clos dans ce procès est restée stoïque, ne laissant transparaître aucune émotion, ce n’est pas le cas de sa fille, Caroline Darian (son nom de plume pour le livre qu’elle a publié en 2022).

Rapidement prise de tremblements, elle s’est écroulée en sanglots lorsque le président a évoqué des photomontages où elle apparaît dénudée. Des pièces à conviction retrouvées dans l’ordinateur de son père dans un dossier intitulé « Autour de ma fille, à poil ».

« On perçoit également la vive émotion de Caroline Darian », note à ce titre sur X une journaliste de la radio RMC, présente dans la salle. Aidée de ses deux frères et de sa mère, Caroline Darian a tenu le choc pendant un temps, avant d’être contrainte de sortir de la salle en pleurs face aux horreurs présentées par la cour. Elle est finalement revenue à l’audience, plus d’une vingtaine de minutes plus tard.

Dans sa prise de parole, Roger Arata avait pourtant essayé de faire une lecture « concise et concentrée sur les points saillants du dossier », du fait « du nombre d’accusés, de la masse d’informations saisies et afin d’en avoir une information pour tous ». Le président de la cour a également profité de ce temps pour rapporter « les qualifications légales des faits reprochés ».

« Une nausée » s’est emparée de la salle d’audience

Preuve de la dureté de ce moment à la cour criminelle du Vaucluse, la journaliste de RMC précise qu’elle refuse de rapporter « les éléments matériels qui ont permis aux magistrats de retenir l’infraction de viols », en expliquant que « la description des vidéos est insoutenable ».

Des « centaines de vidéos de viols » ont été retrouvées par les policiers au domicile du mari, Dominique, peu de temps après son interpellation en septembre 2020 pour avoir filmé sous les jupes de clientes d’un supermarché de Carpentras. Des vidéos sur lesquelles on retrouve toujours son ex-femme Gisèle, inconsciente en raison de la soumission chimique dont elle a été victime sans le savoir.

Face au banc des parties civiles, à l’autre bout de la salle, dans le box réservé aux accusés détenus, le mari, en t-shirt gris, est longtemps resté impassible. Il a lui aussi écouté ce résumé du dossier, lu sur un ton froid et monocorde, selon le récit de l’AFP. Un récit contenu dans un dossier de 31 tomes pour lequel ce ne sont pas moins de 51 hommes (dont un en fuite) qui seront jugés pendant quatre longs mois.

À l’écoute des arguments avancés par les accusés, Marion Dubreuil de RMC indique qu’« une nausée » s’est emparée de la salle d’audience, poussant le président à l’interrompre pendant quelques minutes.

Lors de la reprise de la lecture des arguments d’accusés, que la journaliste juge « insoutenable », elle précise que Dominique semblait « retenir son émotion, les yeux brillants ». D’autant que l’audience s’est poursuivie l’après-midi avec le résumé des faits reprochés aux différents accusés, qui ont un à un contesté ou non la nature de ces accusations. Parmi ceux présents, 35 ont contesté les faits, 14 seulement les reconnaissent, selon le décompte de Marion Dubreuil.

Outre le principal accusé, seuls 50 agresseurs sur les 72 recensés par les enquêteurs grâce aux 20 000 photos et vidéos retrouvées, ont été arrêtés, risquant jusqu’à 20 ans de réclusion pour viols aggravés dans cette sordide affaire remplie de « Monsieur tout-le-monde ».

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