Procès des viols de Mazan : l’expertise médicale de Dominique Pelicot pourrait faire basculer l’affaire

Affaibli au point d’être pris en charge pour un calcul rénal, une infection rénale et un problème au niveau de la prostate, le principal accusé du procès des viols de Mazan pourrait provoquer un renvoi de l’affaire à une date encore inconnue.
BENOIT PEYRUCQ / AFP Affaibli au point d’être pris en charge pour un calcul rénal, une infection rénale et un problème au niveau de la prostate, le principal accusé du procès des viols de Mazan pourrait provoquer un renvoi de l’affaire à une date encore inconnue.

JUSTICE - La crainte de tout devoir reprendre à zéro. L’expertise médico-légale du principal accusé du procès des viols de Mazan, Dominique Pelicot, est particulièrement attendue avec en filigrane la crainte de voir l’affaire renvoyée à une date ultérieure. Elle est une imposante épée de Damoclès au-dessus des parties civiles et autres acteurs de ce procès au retentissement international.

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Certains parlaient même de brouillard ce lundi 16 septembre, après une nouvelle suspension décidée en attendant d’être fixé sur l’état de santé de Dominique Pelicot, absent depuis une semaine dans le box des détenus. Le retraité de 71 ans, accusé d’avoir drogué sa femme Gisèle Pelicot pour la violer et la faire violer par des dizaines d’hommes, est en effet souffrant depuis l’ouverture du procès.

Dimanche, Dominique Pelicot subi un scanner, indiquant qu’il souffrait d’un « calcul rénal, d’une infection rénale et d’un problème au niveau de la prostate », a indiqué son avocate Béatrice Zavarro. « Tant que nous n’avons pas cette expertise, nous ne pouvons pas nous positionner » sur la suite de ce procès, a d’ailleurs expliqué ce lundi le président de la cour criminelle de Vaucluse, Roger Arata. Il a donné rendez-vous, en donnant rendez-vous à toutes les parties mardi matin pour donner le résultat de l’expertise et statuer sur l’avenir du dossier.

Trois hypothèses s’affrontent

Si Dominique Pelicot est rétabli, le procès se poursuivra directement pour un 11e jour d’audience. Et sans perturber le calendrier judiciaire établi en amont et qui court jusqu’à la mi-décembre.

Une hypothèse aujourd’hui peu probable, qui laisse place à un deuxième scénario : celui d’une suspension du procès pour quelques jours, le temps que Dominique Pelicot reçoive les soins nécessaires pour reprendre sa place au procès dans les meilleures conditions. Ce qui n’est actuellement pas le cas, selon son avocate, qui fustige le manque de prise en charge médicale de son client.

Troisième et dernière hypothèse, celle redoutée d’un traitement plus long pour soigner l’ancien mari de Gisèle Pelicot. Si l’expertise médico-légale prévue mardi l’impose, c’est tout un procès qu’il faudra reprendre. Car un renvoi du procès à une session ultérieure -décision qui peut être prise en cas d’hospitalisation- voudrait dire qu’il sera repoussé de plusieurs semaines ou mois.

Casse-tête de reprogrammation

Une dernière hypothèse à laquelle ne croit pourtant pas Béatrice Zavarro : « On a un diagnostic, il faut simplement le traiter. Si on fait les choses bien, ça peut être l’objet de 24, 48, 72 heures ». D’autant que d’après elle, son client « a toujours dit qu’il voulait comparaître et n’a jamais décidé de se dérober ».

Concrètement, un renvoi provoquerait de nombreuses complications pour reprogrammer les débats et les prises de paroles d’intervenants, trouver une salle d’audience, sans compter que des accusés pourraient demander la levée de leur détention provisoire en raison des délais. Un tel renvoi « serait catastrophique » car « il faudrait repartir à zéro », a estimé lors de la suspension d’audience Patrick Gontard, avocat d’un des 18 accusés détenus sur les 51 que compte le dossier. De son côté, l’avocat général a lui indiqué « regretter cette situation »

« Les mots manquent pour exprimer à quel point la situation où nous nous retrouvons ce matin est anormale. Il y a des personnes dont le travail est de s’assurer que monsieur Pelicot est en état d’assister à son procès », a glissé durant l’audience l’un des avocats des parties civiles, Me Stéphane Babonneau. « Cette épreuve (pour Gisèle Pelicot), elle est en train de devenir un supplice chinois », a-t-il ajouté après la suspension, en rappelant que sa cliente devait tous les jours se présenter au tribunal pour « affronter les regards » et « croiser les accusés », ses agresseurs.

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