Procès des viols de Mazan : l’avocate Nadia El Bouroumi ne voulait pas se « moquer de Gisèle Pelicot »

L’avocate Nadia El Bouroumi, ici apparaissant sur une vidéo publiée sur son compte Instagram le 14 septembre 2024.
L’avocate Nadia El Bouroumi, ici apparaissant sur une vidéo publiée sur son compte Instagram le 14 septembre 2024.

JUSTICE - Depuis le début du procès des viols de Mazan, elle ne ménage pas la victime, Gisèle Pelicot, que ce soit dans l’enceinte du tribunal d’Avignon ou sur ses réseaux sociaux. Mais ce samedi 21 septembre, Nadia El Bouroumi, avocate de deux des 51 co-accusés, tente un mea-culpa. Ou du moins elle joue l’apaisement.

Procès de Mazan : sur les réseaux sociaux, certains avocats de la défense sont « en roue libre »

« Je suis profondément désolée si mes propos ont été mal interprétés. À aucun moment je n’ai cherché à me moquer de Gisèle Pelicot, que je considère comme une personne fragilisée et victime dans cette affaire », écrit ainsi l’avocate dans un long post publié sur Instagram, partagé par Le Parisien.

Elle avait par exemple lancé le 18 septembre devant la cour criminelle du Vaucluse : « quand on reçoit des photos comme celles-là, on peut se dire que c’est une femme qui aime les jeux sexuels », alors que ce jour-là, 27 clichés intimes de Gisèle Pelicot avaient été diffusés.

Sur son compte Instagram, l’avocate avait ensuite « débriefé » la scène avec ses followers. « Elle s’est mise en colère, moi j’ai pris le micro en disant que c’était elle qui avait souhaité que ce soit public et que maintenant il ne s’agissait pas de se plaindre », avait-elle ainsi commenté pour ses 52 000 abonnés. Une vidéo parmi d’autres depuis le début du très médiatique procès, dont elle ne voit pas en quoi leur diffusion « choque » (BFMTV, le 20 septembre).

Plainte pour harcèlement

Ses déclarations avaient entraîné une levée de boucliers, certains demandant que le conseil de l’ordre des avocats se saisisse de son cas. Si elle a donc fait une mise au point sur l’interprétation de ses propos, elle dénonce « une situation où il devient presque impossible d’exercer mon métier d’avocate dans des conditions sereines ». Selon Nadia El Bouroumi, « cette pression publique et médiatique incessante (me) muselle et (m)’empêche de défendre mes clients de manière impartiale. C’est une atteinte grave à l’intégrité de notre justice, et cela représente un danger pour l’exercice de la défense dans notre pays. »

Nadia El Bouroumi ajoute par ailleurs que « la justice ne peut être rendue sous le poids de l’opinion publique » et qu’il est « impératif de protéger la liberté d’expression des avocats et de préserver l’indépendance des tribunaux ». Et de dénoncer les conséquences des attaques qu’elle subit. « Depuis le début de ce procès, je subis des menaces, du harcèlement, ainsi que des insultes publiques. Mes enfants sont également victimes de harcèlement, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la rue. J’ai donc pris la décision de déposer une plainte pour harcèlement », annonce-t-elle.

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