Procès des viols de Mazan: Gisèle Pelicot se "sent humiliée" des soupçons de complicité à son égard

"Pas une seconde, je n'ai donné mon consentement!". Pour la première fois depuis trois semaines et le début du procès des viols de Mazan, la principale victime Gisèle Pelicot exprime sa colère ce mercredi 18 septembre. Elle fustige les soupçons à son égard distillés, selon elle par des avocats de certains accusés, sur une éventuelle complicité dans les agressions sexuelles qu'elle a subies entre 2011 et 2020.

"Depuis que je suis arrivée dans cette salle d'audience, je me sens humiliée. On me traite d'alcoolique, que je me mette dans un état d'ébriété tel que je suis complice de monsieur Pelicot", affirme-t-elle devant la cour criminelle de Vaucluse.

"Dans l'état où j'étais, je ne pouvais absolument pas répondre à qui que ce soit. J'étais dans un état de coma et les vidéos qu'on va diffuser vont pouvoir l'attester. Et les experts ont été choqués de ces vidéos, et ce sont des hommes", explique-t-elle, estimant que "c'est tellement humiliant et dégradant d'entendre cela".

"Pas une seconde, je n'ai donné mon consentement à Monsieur Pelicot ni à ces hommes qui sont derrière", rappelle cette femme de 72 ans qui aurait été victime de quelque 200 viols, dont 92 commis par 50 coaccusés jugés depuis le 2 septembre à côté de son ex-mari, Dominique Pelicot.

Pendant cette journée d'audience, la cour a diffusé 27 photos sensibles de Gisèle Pelicot, dont elle affirme qu'elles ont été prises à son insu, à la demande de plusieurs avocats de la défense. "Elles ont été faites à mon insu. On a cherché à me piéger par ces photos, à montrer que j’ai cherché à appâter ces individus", a-t-elle fustigé. "On cherche quoi dans cette salle, que je sois coupable? Ça ne va pas me déstabiliser pour autant!", a-t-elle tonné.

Pour une avocate de la défense, "ce côté très voyeur montre qu'il y a une demande du mari, et que l'épouse accepte. On peut penser que le partage de ces photos a fait croire aux accusés qu’elle était consentante et joueuse pour partager ce moment à trois".

Dominique Pelicot a bien confirmé que les photos avaient été prises à l'insu de son ex-femme. "Juste pour mon plaisir personnel", a-t-il indiqué.

"Il n'y a pas 'viol et viol'. Un viol est un viol"

"J'ai l'impression que la coupable c'est moi et que derrière moi les 50 sont victimes" et "parce que j'ai fait du naturisme, je serais exhibitionniste ? C'est moi la coupable et eux les victimes. D'ailleurs, ils devraient s'asseoir à ma place...", ironise-t-elle.

"Est-ce que c'est une question de temps le viol? 3 minutes, une heure? Je suis choquée! Si c'était leur mère ou soeur ici, est-ce qu'ils auraient la même défense?", accuse à son tour Gisèle Pelicot au ton déterminé.

"Ils sont venus me violer, peu importe le temps passé", "c'est abject". "À partir de quel moment un homme décide pour sa femme ? Je vous rappelle que j'étais sous emprise chimique". Les "50 (accusés) derrière ne se sont pas posés la question (du consentement)? C'est quoi ces hommes, c'est des dégénérés ou quoi ? Pas à un moment ils se sont posés la question!", tonne-t-elle.

"Il n'y a pas 'viol et viol'. Un viol est un viol", assène Gisèle Pelicot, faisant référence aux propos d'un avocat de la défense, Me de Palma, qui avait estimé qu'il y avait "viol et viol", semblant minimiser l'intention réelle de certains des accusés dont beaucoup affirment avoir pensé participer à un jeu sexuel d'un couple libertin.

"Que les propos aient pu choquer, j’en suis désolé, mon intention, c’était de rappeler des règles de droit. Mais madame, il ne faut pas rajouter du sel au débat!", lui rétorque ce dernier piqué au vif. "Avec cette polémique vous avez réussi votre coup!". Gisèle Pelicot lève les yeux au ciel.

Article original publié sur BFMTV.com