Procès des viols de Mazan: Dominique Pelicot absent pour raison de santé, un collège d'experts nommé
Le procès des viols de Mazan peut-il encore se poursuivre? Ce sont les conclusions de deux médecins saisis par la cour criminelle du Vaucluse qui répondront à cette question. Ce lundi 16 septembre, à la reprise de l'audience suspendue depuis jeudi soir, Dominique Pelicot était absent du box des accusés en raison de problèmes médicaux diagnostiqués la veille au soir après une hospitalisation. C'est pourtant ses fils et son ex-épouse Gisèle qui aurait dû être interrogés ce lundi.
Dimanche soir, Dominique Pelicot, 71 ans, a été hospitalisé. Une infection rénale, un caillot à la vessie et un problème à la prostate ont été diagnostiqués, puis un bilan et un scanner ont été réalisés. Revenu dans sa cellule, il a refusé l'extraction ce lundi matin. "Nous n'avons d’autre solution d’envisager une nouvelle suspension pour cette journée", a prévenu d'emblée Roger Arata, le président de la cour criminelle.
Expertise déterminante
Après s'être entretenu avec toutes les parties, le magistrat a nommé un collège d'experts, à savoir un médecin légiste et un clinicien pour évaluer "la compatibilité" de l'état de santé de Dominique Pelicot et la possibilité de "répondre" à toutes les questions qui lui seront posées. Cette expertise permettra de faire un "bilan sur les soins dont il doit bénéficier pour qu'il puisse comparaître". Les résultats de cette expertise seront communiqués mardi matin.
"À partir de là, nous prendrons toute décision, en concertation, sur la suite donnée à ce procès. Nous ne pouvons pas nous positionner tant que nous n’avons pas cette expertise."
L'ensemble des parties est désormais suspendu à ces conclusions médicales, craignant désormais le scénario du pire, à savoir un renvoi du procès. Cette situation aurait-elle pu être évitée? C'est l'avis de l'avocate de Dominique Pelicot qui, en colère, dénonce un retard dans la prise en charge médicale de son client, malade depuis _ jours. "Tout cela aurait pu être évité s'il avait été pris en charge dès lundi (9 septembre, NDLR). Il y a eu un débat entre l'administration pénitentiaire et le corps médical qui nous est étranger. La cour a été prise en otage dans ce débat."
Une situation proche du "scandale"
Dominique Pelicot a fait part de premières douleurs, dès vendredi 6 septembre, à la fin de la première semaine de son procès pour lequel il comparaît pour avoir drogué, violé et fait violer sa femme. Mardi dernier, le 10, il avait demandé une dispense pour ne pas comparaître. Dispense qui avait été acceptée mais le septuagénaire était revenu quelques minutes dans le box des accusés le lendemain matin avant de repartir en cellule à la demande de son avocate.
"J'ai rencontré mon client dans les geôles ce matin, je l'ai trouvé allongé en train de dormir, il a à nouveau vomi, fait des malaises et il a des douleurs dans les reins", expliquait Me Zavarro à la cour. Désormais, l'avocate explique que son client n'a pas reçu de soins, un médicament prescrit n'était quant à lui "plus en stock". "Mercredi, jeudi, vendredi, il est resté au fond de sa cellule", poursuit-elle expliquant avoir alerté la cour ce week-end. "C’est pour cela que dimanche après-midi, il a été extrait pour être emmené à l'hôpital".
La situation est "insupportable" pour les parties civiles. "Les mots nous manquent pour exprimer à quel point la situation dans laquelle nous nous trouvons est anormale", a déploré Me Babonneau, l'un des avocats de Gisèle Pelicot, expliquant que sa cliente "vit au rythme de cette incertitude" depuis une semaine. "Si cette impossibilité (de comparaître, NDLR) résultait d’un retard de prise en charge, nous serions dans une situation que nous n’hésiterions pas à qualifier de scandale."