Procès des viols de Mazan : Caroline Darian accuse son père Dominique Pelicot de l’avoir violée
La soumission chimique est au cœur de ce procès, d’autant que la fille de Dominique Pelicot est certaine d’avoir subi le même sort que sa mère, malgré l’absence de preuve.
JUSTICE - C’est un des volets de l’affaire que la justice va devoir éclaircir. Lors de sa première prise de parole au procès des viols de Mazan, Dominique Pelicot a été invité à revenir sur deux photos intimes de sa fille Caroline Darian, retrouvées dans le disque dur de son père et découvert par la police lors de perquisitions au domicile familiale.
Finalement disposé à témoigner lors de son procès alors que sa santé laissait planer le doute jusqu’à lundi soir, le principal accusé a formellement nié avoir drogué ou abusé sexuellement de sa fille, aujourd’hui âgée de 45 ans. « Je n’ai jamais touché ma fille », a affirmé à plusieurs reprises le septuagénaire. Plus tôt, il avait reconnu être « un violeur », tout « comme ceux qui sont dans cette salle », au sujet des viols de sa femme.
Insoutenable pour Caroline Darian
Longuement questionné par l’un des avocats des parties civiles, Antoine Camus, concernant ces photos dénudées, Dominique Pelicot a nié avoir été l’auteur d’une photo d’elle, sur laquelle elle apparaît dénudée et allongée sur un lit dans une position « quasi-foetale ». Une posture qui n’est pas sans rappelée celle de son ex-épouse Gisèle Pelicot, droguée puis violée à son insu par des dizaines d’inconnus entre 2011 et 2020.
« Non, ce n’est pas moi. Cette photo allongée sur le lit, ce n’est pas moi », a-t-il déclaré. Des réponses qui ont suscité des réactions particulièrement vives chez sa fille âgée de 45 ans. Assise à côté de sa mère Gisèle Pelicot, elle s’est d’ailleurs permis d’interpeller son père à deux reprises : « Tu mens », lui a-t-elle lancé. Avant cet échange, Caroline Darian avait brièvement quitté la salle, d’un pas décidé, tout en glissant : « je vais gerber là ».
Pas de quoi perturber son père, qui a maintenu sa version. « Moi ma fille, c’est comme mes petits enfants, ce sont des joyaux, on n’y touche pas », a-t-il répondu, paraissant toutefois énervé des relances des avocats des parties civiles sur le caractère incestueux des photographies intimes de sa fille mais aussi de ses belles-filles. « Qu’est-ce qu’il faut que je fasse, que je dise, que je me coupe un bras ? », a d’ailleurs lâché le père de famille au cœur de ce procès.
Le doute semble toutefois permis à ce stade de l’audience, puisqu’à la question de savoir pourquoi il n’avait pas capté des images de ses deux fils, il a répondu aux magistrats de la cour criminelle du Vaucluse qu’il n’était « pas attiré par les hommes ». À cela, s’ajoute le fait que le dossier en question retrouvé sur son disque dur était intitulé : « Autour de ma fille, à poil ».
« Monsieur Pelicot »
Caroline Darian est quant à elle persuadée d’avoir été sexuellement agressée par son père, mais pas seulement. Elle estime que des inconnus ont pu lui faire la même chose qu’à sa mère, en suivant le même procédé que celui que Dominique Pelicot utilisait sur son ex-femme : lui donner de puissants anxiolytiques avant de la violer et de la faire violer par des dizaines d’inconnus recrutés sur internet.
Un doute persistant qu’elle avait d’ailleurs posé par écrit dans le livre Et j’ai cessé de t’appeler papa, publié en avril, faisant rapidement de Caroline Darian une figure importante de la lutte contre la soumission chimique, une problématique au cœur du procès des viols de Mazan.
Dominique Pelicot a d’ailleurs été interrogé ce mardi sur les déclarations de sa fille devant cette même cour, lors de son audition du 5 septembre. Elle avait alors évoqué son père en des termes peu élogieux, l’appelant seulement « Monsieur Pelicot » ou son « géniteur » avant de le qualifier d’un « des plus grands criminels sexuels des 20 dernières années ».
« Elle dit ce qu’elle pense, elle a peut-être raison, peut-être tort. Je suis mal placé », a-t-il seulement répondu, refusant de s’étendre sur le sujet.
« Il délivre une partie de la vérité uniquement quand il est mis au pied du mur », avait également déclaré sa fille à la barre, quelques jours après avoir entendu le président de la cour faire et état de photomontages où elle apparaît dénudée. C’est ce qu’a d’ailleurs souhaité souligné Me Antoine Camus ce mardi en déclarant : « c’est dommage, il n’y a pas de preuve. C’est tout le drame de votre fille ».
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