Procès des viols de Mazan : Caroline Darian, fille de Gisèle Pélicot, témoigne du « cataclysme » subi par sa famille

Caroline Darian a témoigné de sa sidération en apprenant ce que Dominique Pélicot, un « papa sain, bienveillant », a fait subir à sa mère sous soumission chimique.

PROCES - « Ça m’est tombé dessus comme un cataclysme. » Au cinquième jour du procès des viols de Mazan, Caroline Darian, la fille de Gisèle Pélicot, a pris la parole à la barre, ce vendredi 6 septembre, au lendemain du témoignage poignant de sa mère. Celle-ci a été droguée et violée pendant dix ans par son mari et des dizaines d’inconnus recrutés par ce dernier sur Internet.

Procès des viols de Mazan : Gisèle P. témoigne pour les « femmes victimes de soumission chimique »

« Très émue », Caroline Darian, 45 ans, s’est présentée comme « l’enfant et la fille du principal accusé et de la victime avérée qui a vécu des actes d’une atrocité insoutenable », comme le rapporte notamment depuis la salle d’audience la reporter de RMC Marion Dubreuil. Depuis ce jour d’automne 2022, elle a arrêté d’appeler le prévenu « papa ». Elle a d’ailleurs écrit un livre sur le traumatisme vécu par sa mère et toute sa famille, intitulé Et j’ai cessé de t’appeler papa : quand la soumission chimique frappe une famille.

Face à la cour criminelle du Vaucluse, elle explique sa sidération, le « cataclysme » qu’elle a subi en apprenant la nouvelle de la bouche de sa mère, par téléphone, le 2 novembre 2020. « Quand ma mère m’appelle pour me dire “il y a un problème avec ton père”, je l’imagine en réanimation », confie-t-elle, bien loin de la réalité.

Un « homme sain, bienveillant, prévenant »

Comment aurait-elle pu se douter de ce qui se passait dans la chambre à coucher de ses parents ? Elle qui considérait son père comme un « homme sain, bienveillant, prévenant, un papa affectueux très présent ». Caroline Darian dit ne pas avoir « décelé un regard déplacé, un geste malvenu ». Et d’ajouter : « J’aimais mon père. »

C’est tout un monde, une famille qui s’écroule face à cette révélation. C’est aussi la douloureuse et délicate mission, pour Caroline Darian, d’expliquer à son fils de six ans que « son papou qu’il aime tellement », il ne le reverra plus jamais.

Mais pour Caroline Darian, le traumatisme ne s’arrête pas là. Elle se rappelle très précisément lorsque les policiers lui ont annoncé que des photos d’elles ont été retrouvées dans l’ordinateur de Dominique Pélicot. « Je découvre que mon père m’a photographiée à mon insu », dit-elle, soupçonnant alors qu’elle a aussi été victime de soumission chimique. « Je ne dors pas comme ça, j’ai l’intime conviction que c’est moi droguée », témoigne-t-elle.

Et c’est l’une des inquiétudes de la fille de Gisèle Pélicot : comment prouver la soumission chimique ? « Comment fait-on, quand son père est l’un des plus grands prédateurs sexuels de ces 20 dernières années, sans preuve d’avoir été droguée ? » interroge-t-elle, appelant à avoir des réponses pour « espérer aller mieux ».

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