Procès des viols de Mazan : le bâtonnier d’Avignon réagit aux nombreuses remarques sur les avocats de la défense

Croquis réalisé à l’ouverture du procès des viols de Mazan, le 2 septembre 2024, montrant au premier plan les différents avocats de la défense.
AFP Croquis réalisé à l’ouverture du procès des viols de Mazan, le 2 septembre 2024, montrant au premier plan les différents avocats de la défense.

JUSTICE - « Le bâtonnier doit la radier », « Je viens de saisir le bâtonnier concernant les agissements de Me Nadia El Bouroumi »… Ces dernières semaines, les débats à l’intérieur, mais surtout à l’extérieur de la salle d’audience du procès Mazan ont provoqué des réactions épidermiques concernant l’attitude de certains avocats de la défense.

Procès de Mazan : les avocats de la défense sont-ils obligés de mettre si violemment en cause Gisèle Pelicot ?

Saisi à de nombreuses reprises, notamment sur les réseaux sociaux, le bâtonnier et avocat Philippe Cano du Barreau d’Avignon a décidé de mettre les choses au clair ce lundi 23 septembre, après plusieurs jours de polémique en marge du procès des viols commis sur Gisèle Pelicot.

Comportements gênants

La cause de ces signalements ? Les déclarations de plusieurs avocats de la défense, accusés de salir la réputation de la profession dans et en dehors du tribunal, à l’instar des storys postées sur Instagram par Me Nadia El Bouroumi, conseil de deux accusés dans ce procès, responsable selon certains de faire l’apologie des crimes commis par les accusés. Également en cause, la déclaration « il y a viol et viol », prononcée par Me Guillaume de Palma, qui représente, lui, six accusés.

Confronté à ces nombreuses critiques sur l’attitude de la défense au procès Mazan, Me Cano a donc partagé un communiqué de réponse, en tant que bâtonnier. Un titre que l’on obtient en tant qu’avocat après avoir été élu par l’assemblée générale des avocats au barreau pour chaque Tribunal de grande instance, comme l’explique le dictionnaire juridique.

C’est donc lui qui est en charge de faire respecter l’Ordre professionnel des avocats pour la cour criminelle du Vaucluse, où se déroule le procès de Dominique Pelicot et des 50 autres hommes accusés avec lui depuis le 2 septembre.

Pressions inutiles sur le bâtonnier

Un communiqué jugé salvateur (ou à l’inverse trop frileux) pour celles et ceux qui attendaient que certaines règles soient rappelées pour le bon déroulé de ce procès médiatique à la portée internationale. Dans ces quelques lignes, le bâtonnier d’Avignon tient tout d’abord à rappeler certaines règles élémentaires qui s’appliquent à « tout avocat ».

« La liberté d’expression de l’avocat est fondamentale dans l’exercice des droits de la défense, tant pendant un procès, qu’en dehors d’une salle d’audience », souligne-t-il, avant d’ajouter que « tous les avocats doivent constamment se conformer à leurs règles déontologiques ». Des règles qui doivent, selon lui, viser « à préserver la dignité de la profession et la confiance du justiciable, mais sans pour autant porter atteinte à la liberté d’expression ».

Il en profite d’ailleurs pour souligner que « l’ouverture éventuelle d’une procédure disciplinaire par le bâtonnier ne saurait avoir lieu sous le coup de quelque pression que ce soit », balayant ainsi les nombreuses sollicitations reçues en ligne. D’autant plus, qu’une éventuelle procédure disciplinaire « est couverte par le secret professionnel ». Et qu’elle ne peut être prise que par le « seul Conseil Régional de Discipline de Nîmes », dans le cas du procès dit « Pelicot » assure Me Cano.

« Il n’appartient donc pas au bâtonnier de se prononcer publiquement sur les communications d’un confrère, et le traitement qui en sera peut-être fait », tranche-t-il, en faisant implicitement référence à la forte médiatisation de Me El Bouroumi ces derniers jours.

Pour conclure cette rare prise de parole, Me Cano ajoute deux points importants concernant plus particulièrement ce procès en cours. Il tient tout d’abord à « insister pour que règnent la sérénité des débats, la décence des propos et des comportements de chacun ». Et ce, « pendant et après l’audience ». Enfin, le bâtonnier conclut en précisant que dans ce dossier criminel, « la seule apte à juger de cette affaire au terme de plusieurs mois de débats » est « la Cour criminelle ».

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