Procès des viols de Mazan : agacée par des questions, Gisèle Pelicot hausse le ton au 12e jour d’audience
JUSTICE - « Il faut avoir un degré de patience pour supporter tout ce que j’ai pu entendre ». Exemple de sang-froid depuis le début des débats, Gisèle Pelicot a eu plus de mal à retenir sa colère et son agacement face à des questions remettant en doute son honnêteté, au douzième jour d’audience du procès des viols de Mazan.
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Entendue ce mercredi 18 septembre, Gisèle Pelicot a vécu une après-midi mouvementée, à partir du moment où le président de la cour a déclaré : « je conçois que mes questions puissent être dérangeantes mais si je ne les pose pas, vous n’avez pas la possibilité de vous exprimer ».
Ces questions « dérangeantes », portant essentiellement sur la notion de consentement des viols dont elle a été victime, ont eu le don de particulièrement agacer Gisèle Pelicot. Car après plusieurs relances sur le sujet par des avocats de la défense, la femme de 72 ans a d’abord rappelé dans le calme qu’elle avait déjà « précisé que l’échangisme, le triolisme, ne faisait pas partie de [sa] culture ». Toutefois, elle a rapidement haussé le ton contre les différentes rumeurs colportées sur elle, concernant un soi-disant alcoolisme ou un attrait pour l’exhibitionnisme.
"Depuis que je suis arrivée dans cette salle, je me sens humiliée, on me traite d'alcoolique", car soit disant, "je suis dans un état d'ébriété tel que je ne me rends pas compte qu'on me viole. Il faut avoir un degré de patience pour supporter tout ce que j'ai pu entendre".
— Juliette Campion (@JulietteCampion) September 18, 2024
Gisèle Pelicot ajoute : "J'ai l''impression que la coupable c'est moi ! Et que les 50 victimes sont derrière moi. Tout ça parce que j'ai traversé ma salle de bain nue, on me traite d'exhibitionniste ! J'ai fait du naturisme sur la plage à Grimaud, je suis exhibitionniste (...)
— Juliette Campion (@JulietteCampion) September 18, 2024
« C’est tellement dégradant et humiliant, c’est très éprouvant », a-t-elle ajouté lors de ces échanges houleux, qui se sont ensuite poursuivis avec l’avocat d’accusés Me De Palma, qui avait estimé qu’il y avait « viol et viol », semblant minimiser l’intention réelle de certains des accusés dont beaucoup affirment avoir pensé participer à un jeu sexuel d’un couple libertin.
« Je n’ai pas l’habitude de m’énerver, mais là, franchement, ça suffit ! Non, il n’y a pas viol et viol. Le bâtonnier qui a dit ça, est-ce qu’il aurait dit ça si c’était sa fille aujourd’hui à la barre ? Non, un viol est un viol, point », a-t-elle répliqué avec force.
- vous l’avez dit ou vous l’avez pas dit ?
- j’ai dit qu’il y avait le viol dans son acception populaire journalistique et le viol juridique. Que les propos vous aient blessés aient pu choqué ce n’était pas mon intention je voulais rappeler les règles de droit @RMCInfo— Marion Dubreuil (@MarionDub) September 18, 2024
« Dans l’état où j’étais, je ne pouvais absolument pas répondre à qui que ce soit. J’étais dans un état de coma et les vidéos qu’on va diffuser vont pouvoir l’attester. Et les experts ont été choqués de ces vidéos, et ce sont des hommes », a d’ailleurs fait remarquer l’ex-femme de Dominique Pelicot.
Diffusion d’images des viols
Particulièrement remontée, Gisèle Pelicot s’est également permis de répondre : « je n’ai pas à me mettre à leur place, moi pendant 10 ans ma vie a été détruite », après que l’avocat se soit finalement excusé auprès d’elle, tout en rappelant qu’il était « l’avocat de gens qui sont désolés de ce qu’ils ont fait ». Ajoutant : « vous pouvez comprendre qu’ils ont commis une erreur de jugement et qu’ils en sont désolés ».
- je suis l’avocat de gens qui sont désolés de ceux qu’ils ont fait est ce que vous pouvez comprendre qu’ils ont commis une erreur de jugement et qu’ils en sont désolés
- je n’ai pas à me mettre à leur place moi pendant 10 ans ma vie a été détruite @RMCInfo— Marion Dubreuil (@MarionDub) September 18, 2024
Même son de cloche quelques minutes plus tard, lorsqu’une avocate de la défense précise être « très touchée par ce qu’[elle a] vécu ». « Je suis une femme, une mère on est tous avec vous Madame Pelicot, je ne veux pas imaginer ce que vous avez vécu ». Ce à quoi Gisèle Pelicot a sèchement répondu : « il y a quelques jours vous avez crié haut et fort : ’Madame Pelicot a fait une fellation’ ».
Un changement d’attitude particulièrement remarqué, au moment où sa parole était mise en doute par la défense. D’autant plus que plusieurs photos, servant à témoigner des faits de viol commis sur Gisèle Pelicot entre 2011 et 2020, doivent être diffusées à l’audience ce mercredi après-midi, à la demande d’avocats de la défense.
« Ce qui m’importe c’est que ces vidéos (et photos) qui sont une preuve irréfutable des viols et violences que j’ai subies soient diffusées uniquement dans cette salle », a demandé Gisèle Pelicot à la barre, ajoutant qu’elle « ne souhaite pas que le public soit informé de ces images ». Le 9 septembre dernier, elle avait d’ailleurs demandé que ses enfants « n’assistent pas » à ce visionnage.
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