Procès du RN: Sébastien Chenu dénonce une "vision politique" du parquet après les réquisitions

Face aux réquisitions du parquet, qui a notamment réclamé deux ans de prison ferme et cinq ans d'inéligibilité contre Marine Le Pen au procès du RN ce mercredi 13 novembre, la ligne de défense de l'extrême droite est bien connue depuis quelques heures. Vice-président du Rassemblement national et présent au tribunal ce jour-là, Sébastien Chenu en a livré un condensé sur BFMTV-RMC, dénonçant une "vision politique" de l'accusation.

Dans un discours populiste, s'attaquant au "système" et évoquant une "manœuvre politique", l'élu du Nord a présenté la théorie suivante: "Le but non-avoué (...) de ces audiences est d'éliminer Marine Le Pen. Accessoirement de ruiner le Rassemblement national pour priver les Français d’un choix démocratique dans les années qui viennent."

Un propos en droite ligne de ceux tenus par Marine Le Pen. La cheffe des députés du RN a dénoncé "une volonté du parquet de priver les Français de la capacité de voter pour qui ils souhaitent", au sortir des réquisitions.

L'affaire la concernant est celle des soupçons d'emplois fictifs au Front national, devenu RN en 2018, visant à détourner l'argent du Parlement européen au bénéfice du parti. En plus de Marine Le Pen, et sa formation d'extrême droite, 24 autres personnes sont jugées.

Chenu salue la réaction de Darmanin

Mercredi, l'accusation a souligné que le "système" mis en place, qui s'est "renforcé" avec l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti en 2011, est "inédit" par sa durée, le "montant" des détournements (4,5 millions) et son "caractère organisé, systématisé".

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Au-delà de son propre parti et de ses alliés, comme Éric Ciotti, Marine Le Pen a pu compter sur le soutien de Gérald Darmanin. Ce dernier jugeant qu'"il serait profondément choquant" que la leader du RN "soit jugée inéligible et, ainsi, ne puisse pas se présenter devant le suffrage des Français."

Si l'ancien ministre de l'Intérieur est "un adversaire politique", "il se prononce en démocrate, en républicain", a salué Sébastien Chenu sur BFMTV-RMC, ajoutant: "Il dit: ‘voilà, si Marine Le Pen doit rendre des comptes à la justice, elle les rendra. En revanche, elle ne peut pas être privée de se présenter devant les Français à ces motifs-là."

La gauche, qui dénonce un "gros clin d'œil gênant" aux électeurs de Marine Le Pen et une "entorse au principe de séparation des pouvoirs" ne partage pas cet avis. De même que Xavier Bertrand, président LR des Hauts-France, pourtant proche de Gérald Darmanin.

"On ne prépare pas l'après Marine Le Pen"

Adversaire bien connu du RN - qui s'est opposé à l'hypothèse de sa nomination comme Premier ministre cet été - l'élu a par ailleurs estimé sur RTL que le parti lepéniste jouait un "grand numéro d'hypocrisie" en faisant comme s'il "ne serait pas capable de présenter un candidat". "Ils ont un candidat de rechange, il s'appelle Bardella (le président du parti, NDLR), il n'attend que cela."

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Pas question pour Sébastien Chenu d'évoquer ce scénario. "On ne prépare pas l'après Marine Le Pen nous. On prépare l'après Emmanuel Macron. Il s'écrit avec Marine Le Pen et évidemment toute l'équipe du Rassemblement national: Jordan (Bardella) et tous les élus du Rassemblement national."

En plus de Marine Le Pen, le ministère public requiert notamment 18 mois de prison dont six mois ferme avec trois ans d'inéligibilité contre le N°2 du RN Louis Aliot; 10 mois avec sursis et un an d'inéligibilité contre le porte-parole du RN Julien Odoul; 18 mois avec sursis et deux ans d'inéligibilité pour la sœur de Marine Le Pen, Yann Le Pen.

La défense doit plaider à partir de lundi et la fin du procès est prévue le 27 novembre. Le tribunal ne rendra pas sa décision avant plusieurs mois.

Article original publié sur BFMTV.com