Procès de Mazan: le récit éprouvant des viols par l'enquêteur au troisième jour d'audience

Une enquête tant hors-norme qu'épouvantable. Après un long et cru compte-rendu des faits ce mardi, au tour des policiers de venir à la barre au troisième jour du procès des viols de Mazan ce mercredi 4 septembre pour détailler leur travail d'enquête de 2020 à 2022.

Des viols dont a été victime Gisèle P. pendant dix ans au domicile conjugal. Son mari la droguait avec des somnifères avant de la violer lui-même et de la faire violer par des dizaines d'inconnus recrutés sur internet.

Vers 9 heures, l'ancien patron de la police judiciaire d'Avignon et donc principal directeur de l'enquête, Jérémie Bosse Platière, commence son récit. Il explique comment une enquête classique a pris une tournure hors norme avec la découverte de milliers de fichiers vidéos et de photos des viols de la victime sur un disque dur externe.

L'enquête a en effet commencé lorsque Dominique P., le mari de Gisèle, a été arrêté par un agent de sécurité d'un supermarché de Carpentras (Vaucluse) après avoir filmé des clientes sous leur jupe. Des perquisitions sont ensuite réalisées: là, les enquêteurs tombent sur des milliers de photos et vidéos dans lesquelles sa femme, inconsciente et inerte, est violée par des inconnus. Les enquêteurs estiment qu'entre 2011 et 2020, Giselle P. a subi 92 viols

Des discussions très explicites

Un travail d'identification des suspects se met alors en place, et dure pendant deux ans. En tout, 83 hommes sont repérés, 53 sont identifiés et placés en garde à vue lors de différentes vagues d'interpellation. Ces hommes sont âgés de 26 à 74 ans, ils sont pompier, artisan, ex-policier, électricien ou encore journaliste. Poursuivis pour viols aggravés pour la plupart, ils encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.

Si 35 des 51 suspects ont reconnu avoir eu un acte sexuel, ils nient avoir eu l'intention de violer leurs victimes et contestent ainsi les faits reprochés.

Jérémie Bosse Platière, désormais directeur interdépartemental de la police nationale des Hautes-Alpes, affirme pourtant que les discussions entre Dominique P. et les autres hommes impliqués sur Skype ou le forum Coco en amont des viols étaient très explicites. Le mari parlait des somnifères, il expliquait que son épouse sera inconsciente et qu’ils pourront abuser d'elle. Le policier explique qu'il leur donnait ensuite des consignes comme chuchoter pour ne pas faire de bruit, se déshabiller dans la cuisine, ne pas mettre de parfum ou encore ne pas avoir d’odeur de tabac pour ne pas laisser de traces et éveiller les soupçons.

Au moment des viols, la chambre était surchauffée pour que l'épouse reste bien endormie. Et ces hommes étaient invités à se réchauffer les mains sur un radiateur pour ne pas qu'il y ait de contact froid sur le corps de Gisèle P. Parfois, ils attendaient pendant 1 heure à 1h30 sur le parking à côté du domicile que la victime soit véritablement endormie. Des détails qui vont donc à l'encontre des déclarations des suspects.

L'ancien patron de la police judiciaire d'Avignon détaille les viols des 50 co-accusés, soit les 92 viols un à un, en s'appuyant sur les vidéos qui seront projetées d'ici quelques semaines dans le cadre de l'audience. Il passe entre 5 et 10 minutes pour chacun d'entre eux et n'épargne aucun détail. Un témoignage cru, extrêmement choquant et éprouvant pour toute la salle. La famille écoute. Giselle P., elle, ne flanche pas, malgré l'horreur des faits décrits.

Article original publié sur BFMTV.com