Procès de masse de présumés putschistes en Turquie

C’est un procès hors norme qui s’est ouvert en Turquie, dix mois après le coup d’Etat manqué. Plus de 220 personnes, dont de nombreux anciens gradés de l’armée, ont été présentées ce lundi à la justice dans une prison près d’Ankara. D’après les autorités turques, elles sont les instigatrices présumées de la tentative de coup d’Etat de juillet dernier pour renverser Recep Tayyip Erdogan. Ces personnes sont notamment jugées pour “violation de la constitution”, “assassinat de 250 personnes” et “appartenance et direction d’une organisation terroriste” et risquent de multiples condamnations à vie. Selon l’acte d’accusation, plus de 8000 militaires ont pris part à la tentative de putsch, au cours de laquelle 35 avions de guerre, 37 hélicoptères, 74 chars, 246 véhicules blindés et près de 4.000 armes légères ont été utilisés par les putschistes, rapporte l’agence de presse pro-gouvernementale Anadolu. Des manifestants pro-régime ont hué les accusés à leur arrivée, réclamant la peine de mort. “Nous sommes ici pour demander la peine capitale pour les putschistes. On ne veut pas qu’ils s’en sortent après ce qu’ils ont fait”, estime Kerim Surer, un manifestant pro-régime. La peine capitale a été abolie en 2004 dans le cadre de la candidature turque à l’entrée dans l’Union européenne. Mais depuis le putsch manqué, Recep Tayyip Erdogan a assuré à plusieurs reprises qu’il était disposé à la rétablir, évoquant même un potentiel référendum sur le sujet. “Je suis ici pour régler leurs comptes aux terroristes, je suis ici pour montrer que je défend mon peuple, mon drapeau et ma religion. Je suis ici pour montrer aux terroristes que nous resterons fermes face à eux”, a déclaré Mehmet Yaman, un autre manifestant. Le putsch manqué du 15 juillet 2016 avait fait près de 250 morts, sans compter les putschistes. Suite à cette tentative de coup d’Etat, les autorités turques ont mené des purges sans précédent : plus de 47 000 personnes ont été arrêtées et plus de 100 000 ont été limogées. Des sanctions jugées “arbitraires” d’après l’ONG Amnesty International. “Tainted as terrorists & stripped of their livelihoods”. Fate of 100,000+ public sector workers dismissed in #Turkey https://t.co/ULF7C9EAM9 pic.twitter.com/qGOuUCzDXy— AmnestyInternational (@amnesty) 22 mai 2017 Ankara accuse Fethullah Gülen, un prédicateur islamiste installé aux Etats-Unis, d‘être le cerveau du putsch manqué, et demande régulièrement à Washington son extradition. L’intéressé, un ancien allié du président turc Recep Tayyip Erdogan devenu sa bête noire, dément tout rôle dans le coup manqué. L’immense salle d’audience de Sincan avait déjà accueilli en février le procès de 330 putschistes présumés.