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Pas de procès pour l'affaire Sarah Halimi: Macron souhaite un changement de loi

Le président français Emmanuel Macron lors d'une visite dans un hôpital à Reims, le 14 avril 2021 - CHRISTIAN HARTMANN © 2019 AFP
Le président français Emmanuel Macron lors d'une visite dans un hôpital à Reims, le 14 avril 2021 - CHRISTIAN HARTMANN © 2019 AFP

Emmanuel Macron veut un changement de la loi pour que l'abolition du discernement causé par une prise de stupéfiants n'exonère pas de sa responsabilité pénale, après la décision de la Cour de cassation dans le meurtre de Sarah Halimi, sexagénaire juive tuée en 2017 à Paris.

"Décider de prendre des stupéfiants et devenir alors comme fou ne devrait pas à mes yeux supprimer votre responsabilité pénale. Sur ce sujet, je souhaite que le garde des Sceaux présente au plus vite un changement de la loi", a déclaré le chef de l'Etat au Figaro."Il ne m'appartient pas de commenter une décision de justice, mais je voudrais dire à la famille, aux proches de la victime et à tous nos concitoyens de confession juive qui attendaient ce procès, mon chaleureux soutien et la détermination de la République à les protéger", a-t-il ajouté.

Et d'insister: "En République, on ne juge pas les citoyens qui sont malades et n'ont plus de discernement, on les traite. Mais décider de prendre des stupéfiants et devenir alors comme fou ne devrait pas à mes yeux supprimer votre responsabilité pénale."

"La drogue ne peut pas être un permis de tuer"

Ce lundi matin, Gabriel Attal, a également réagi au micro d'Europe 1, soulignant que "cette affaire provoque légitimement une émotion extrêmement forte chez tous les Français".

Analysant la décision de la Cour de cassation, le porte-parole du gouvernement estime que "la drogue ne peut pas être un permis de tuer."

Hospitalisation d'office

Ces déclarations interviennent alors que la Cour de cassation a confirmé mercredi l'irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, une sexagénaire juive tuée en 2017 à Paris, tout en entérinant le caractère antisémite du crime.

La décision de la Cour de cassation ne remet pas en cause l'hospitalisation psychiatrique du meurtrier, fort consommateur de cannabis depuis l'adolescence, ordonnée par la justice. Mais elle signifie qu'il n'y aura pas de procès, ce qui a suscité déception et colère de représentants de la communauté juive.

L'affaire, qui suscite la controverse depuis quatre ans en France et en Israël, notamment sur l'antisémitisme qui imprégnerait certains quartiers populaires, remonte au 4 avril 2017.

Cette nuit-là, Kobili Traoré, 27 ans, de confession musulmane, fait irruption chez sa voisine de 65 ans, Lucie Attal aussi appelée Sarah Halimi. Aux cris de "Allah Akbar", il la roue de coups en récitant des versets du Coran, avant de la jeter par-dessus le balcon de leur HLM de Belleville, dans l'est de Paris.

Bouffée délirante

D'un côté, un bras de fer s'engage entre le parquet de Paris et la juge d'instruction sur le caractère antisémite du geste, finalement retenu par la magistrate en 2018. De l'autre, sept experts examinent successivement Kobili Traoré: à l'unanimité, ils concluent que le jeune homme était en proie à une "bouffée délirante."

Après un débat public, la cour d'appel de Paris, le 19 décembre 2019, avait déclaré Kobili Traoré irresponsable pénalement, et ordonné son hospitalisation assortie de mesures de sûreté pour 20 ans. Cette décision avait fait scandale, suscitant de vives réactions politiques.

"Le besoin de procès est là", avait alors commenté le président Emmanuel Macron depuis Jérusalem, récoltant une rare mise au point des deux plus hauts magistrats français sur l'indépendance de la justice.

Article original publié sur BFMTV.com