Procès Fukushima : 3 ex-dirigeants de la centrale nucléaire sont blanchis

Une nouvelle fois, l'opérateur de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, Tokyo Electric Power (Tepco) , s'en tire bien : trois de ses anciens hauts dirigeants viennent d'être relaxés - le verdict du tribunal de Tokyo est tombé ce jeudi matin - alors qu'ils risquaient des peines de prison ferme. Les juges ont estimé qu'ils ne pouvaient pas être tenus responsables des graves conséquences du pire accident nucléaire dans le monde après Tchernobyl , en Ukraine, accident survenu le 11 mars 2011 sur la côte du Pacifique. Une commission d'enquête avait pourtant conclu auparavant que cette catastrophe avait été "créée par l'homme" qui n'avait su ni la prévenir ni la maîtriser. Le site n'était pas préparé à un risque de tsunami majeur Tsunehisa Katsumata , qui était le président du conseil d'administration de Tepco au moment de la catastrophe, ainsi que Sakae Muto et Ichiro Takekuro , deux ex-vice-PDG de l'entreprise (en photo ci-dessus) , étaient les seules personnes physiques poursuivies par la justice; ils étaient accusés de "négligence ayant entraîné la mort". L'accusation citait notamment pour exemple la mort de 44 personnes âgées hospitalisées à Futaba , une petite ville située à quelques kilomètres seulement de la centrale nucléaire. Leur évacuation de l'établissement s'était déroulée dans des conditions lamentables, le bus dans lequel les malades avaient été évacués avait tourné en rond dans la zone radioactive pendant des heures... Les habitants de Futaba, de Tomioka et d'Okuma, dans le nord-est du Japon, ont été directement touchés par les fuites radioactives. Ces localités sont désormais devenues "fantômes", sans âme qui vive : Les trois hommes qui comparaissaient à Tokyo avaient connaissance des risques importants qu'un éventuel tsunami majeur pouvait présenter pour le site de Fukushima Daiichi, construit juste au bord de l'océan. Des rapports avaient averti que la centrale se trouvait dans une zone où la probabilité d'affronter des vagues d'au moins 15 mètres de haut était importante, un danger contre lequel n'était pas préparé le bâtiment. Séisme, tsunami, refroidissement du combustible stoppé, fusion... Au cours du procès, rappelle la presse japonaise, les procureurs ont d'ailleurs souligné que les responsables de Tepco auraient dû "suspendre l'activité de la centrale nucléaire" en attendant de mettre en place des constructions anti-tsunami, comme une digue notamment. C'est un séisme d'une magnitude de 9 sur l'échelle ouverte de Richter qui avait entraîné l'énorme raz-de-marée, causant la mort de 18 500 personnes et noyant les groupes électrogènes de Fukushima; le refroidissement du combustible s'était alors arrêté, provoquant la fusion des réacteurs.